mai, 2017
Dunkerque : Cap au nord !
La Paris-Dunkerque, tout comme le Paris-Dakar, ne part pas vraiment de Paris et n’arrive pas tout à fait à Dunkerque. Ca fait un point en commun et pour tout vous dire, c’est à peu près le seul.
A la Paris-Dunkerque, il n’y a pas de dune, ni de désert, il n’y a pas non plus de classement, ni même de podium et encore moins Adrien Van Bereven.
– « Ben alors, y a quoi Sophie ? «
– “Eh bien, y a 200 tintins trépignants. Des vrais et des faux amateurs, des vieux (brelons), des jeunes pimpantes bonnet 1200 et même des side-cars égarés depuis Moscou, tous joyeux et excités à l’idée de faire 700 km dans les chemins et surtout à mettre 3 jours pour l’accomplir. Voilà.”
– « Et puis, y a quoi ? »
– “‘Hé bien ensuite, c’est plat.” Oui, plat. Plat comme les œufs, comme Jane, comme le pays de Brel. Les Hauts de France, s’ils sont en haut sur la carte, sont en réalité très en bas comparés au niveau de la mer, ça plafonnerait à 98 mètres d’altitude en moyenne, du coup pour tenter les sauts de cabris dans les rocheuses, passes ton chemin et choisis plutôt la Cathare Trail.
– « Mais, pourquoi y aller alors ? »
Parce qu’on s’amuse bien dans les ornières… Un peu de boue, un peu de craie, un peu de reliefs dans les sous-bois…et puis surtout des ornières. Que ce soit sur le parcours extrême ou l’aventure, les petits chemins en sont bourrés.
Aïe aïe dans le pays d’la Houille. Ils ont été plus d’un à y laisser une cheville, un bout de carénage, un tibia, une clavicule. C’est que c’est traitre une ornière ! La PDK est idéale pour te faire comprendre que l’expression “sortir de l’ornière” (qui voudrait dire “sortir de la difficulté”) est une totale ineptie. C’est bien tout le contraire : l’ornière, si tu veux t’en sortir et bien surtout t’en sors pas ! Une fois que t’es dans ton ornière, tu y restes ! Tu t’y cales et peu importe si l’herbe commence à te chatouiller les aisselles, que celle d’à coté à l’air plus cool, que merde, t’aurais pas dû t’engager. Trop tard, ton ornière, c’est ta croix.
Parce que ça file droit et que c’est drôlement excitant ! Perso, je ne suis jamais allée aussi vite debout sur ma meule dans un chemin. Un vrai stage pour apprendre à jouer avec les vitesses en position verticale. Et puis ce crépitement de la caillasse qui chante sous tes roues, la poussière qui réduit la visibilité quand soudain, paf, apparait un pierrier à t’en déchausser les molaires…Oui, j’ai eu parfois très chaud en montant dans le Nord, mais quel régal !
Parce que c’est tout de même bien crevant. 700 km en 3 jours : fingers in the nose ? Pas si certaine. Moi qui pensais allumer un bbq tous les midis et ben walou. T’avales ta boîte de thon, puis tu ré-enfourches ton brêlon !Plus que la technicité des parcours, la vraie difficulté de la PDK réside, selon moi, dans le rythme des étapes, dans l’endurance et donc la vigilance constante que tu dois avoir.
Parce que c’est beau. Oui, c’est beau. Je les ai beaucoup aimés ces paysages à l’horizontale. “Avec des cathédrales pour uniques montagnes, et de noirs clochers comme mâts de cocagne” J’ose rajouter, mon cher Jacques (Brel), “et des éoliennes comme seules compagnes.” J’en ai jamais vu autant. Comme je n’avais jamais traversé autant de champs de colza. Diable, si t’aimes pas le jaune, fais vite demi-tour car c’est une mer safranée que tu traverses pendant 3 jours, de l’huile pour les frites, et surtout du baume pour le coeur
Big up à la team @Cocoricorando Paris-DunkerqueYann, Laurie et tous les autres qui gardent le cap de ce vaisseau amiral qu’est la PDK. Special thanks to Gilles pour m’avoir supportée et avoir porté tout mon barda, pour ses conserves, et ses photos qui ont autant la classe que celles que tu as quand tu conduis ton side-car dans les chemins, to Damien qui a autant d’humour que de talent au guidon de son AT, to Yves qui m’a fait re-aimé les ours…et à toutes celles et ceux qui souriaient derrière leurs masques boueux. Big up aussi Antoine qui m’a ouvert la voie du March Moto Madness et de la PDK…see you à la Cathare; brother ! Enfin, @Christian Cardin et à son projet incroyable de reconstruire le navire cathédrale de Jean Bart. Merci pour ton accueil, ta passion aussi grande que ton hospitalité. http://www.tourville.asso.fr/
L’écriture de ce petit texte s’est accompagnée notamment d’une bien jolie balade musicale avec mes potes Boby et Johnny,un titre qui tombe à point nommé, Girl From the North Country. 😉
Anna, ma route, la vraie.
Pourquoi partir ? Pourquoi cette démangeaison de l’inconnu ?
Il y a 2 ans pile poil, à cette heure, le 11 mai 2015, j’étais en train de rouler au Japon. Seule.
Tout là-bas, dans cet archipel qui me fascine tant, au cœur de ce Japon ancestral méconnu, j’avais décidé de m’offrir égoïstement pour mes 40 ans, mon plus beau cadeau : une moto, la route, l’horizon et moi-même.
Anna, mon amour, je pourrais te dire, ma chérie, que le voyage à moto, c’est comme un immense tour de toboggan, comme un bonbon qui te défrise les papilles, comme une Barbie à qui tu fais vivre des aventures extraordinaires, comme Pepa Pig qui aime se vautrer dans la boue, comme mes chansons qui te bercent, comme un dessin animé que tu bouffes de tout tes deux yeux bleus et que tu ne voudrais jamais qu’il se termine…
La moto, c’est un peu ça.
Et puis c’est ça aussi : arracher sa liberté aux éléments, humer le parfum du monde, ne faire qu’un avec le vent, être la courbe, devenir le paysage, retrouver l’élémen-terre, déployer un regard neuf, remettre le contact avec soi-même, prendre la route et mettre son âme en déroute…
La moto, c’est comme une respiration, Anna.
La route, c’est comme un appel d’air, mon amour.
Alors, ce soir, on soufflera mes bougies mais surtout on fera tourner ensemble le globe, juste pour te redire à quel point le monde est aussi beau qu’il est vaste, que tu y as ta place… et que rien n’est plus beau que de le parcourir à moto.
Le K du PDK
La première fois qu’on m’a parlé de la PDK, vous pensez bien que j’ai immédiatement pensé au Parti Démocratique du Kurdistan.
Du coup, ça a été un vrai soulagement de savoir que c’était simplement : le Paris-Dunkerque.
Enfin « Le » ou « La Paris-Dunkerque ».
Car sur ce point, j’vous avoue que ce n’est pas encore hyper clair.
Il y a un petit côté transgenre tout de même.
Entre LA balade rando de courtoisie à nos amis ch’tis et LE rallye.
Évidemment bien sûr, Le rallye du Paris-Dakar.
D’après Cocoricorando, l’équipe organisatrice, tout serait en effet parti du mythique rallye et l’envie d’en faire une version plus rigolote.
Après tout, à quelques lettres alphabétiques et quelques milliers de kilomètres près, pourquoi on s’emmerderait aussi.
Résultat, le PDK fait le plein et les places s’arrachent comme des pti’ pains ! Y a même une liste d’attente !!!!ARghhhhgh…..Faut dire, c’est drôlement excitant de faire 7l00 kilomètres de petits chemins pour rallier Dunkerque alors que c’est à 3 heures d’autoroute.
Un vrai itinéraire bis bien pensé pour offrir 3 jours de roulage en mode trail et 3 nuits de bivouac. oui ! oui !Me voilà donc embarquée dans l’aventure.
A priori, j’ai tout ce qu’il faut, la Honda, les bottes (enfin !), une tente, un sac de couchage et même un tapis de sol !! (NDLR : au Japon, je n’en avais pas et j’en ai bien bavé.) Pour le reste, et bien, je pense m’accoutrer comme pour mon trip dans l’Himalaya vue la superbe météo pourrie des derniers jours.
Et ça, c’est la méga classs à Dallas.
Nous devrions ainsi être 200 à partir (et j’espère autant à arriver !)
Pour des raisons de sécurité, nous roulerons par petit groupe de 5 engins environ. Perso, je pense aussi que ça fait moins “campagne néo-rétro napoléonienne ».
Sérieux, vous imaginez 200 gus pétaradants dans les bourbiers alors qu’un brouillard laiteux enveloppe la campagne anodine ???..….oups, je m’éloigne moi.
Bref.
Pour ma pomme, je squatterai un petit équipage super cool (enfin pour le moment, lol) puisqu’il sera constitué de Damien (et sa super Africa Twin); de Gilles et Thomas qui viennent avec leurs side-cars Ural, une première paraît-il pour le PDK.Deux ruskovs, deux nippones…. ça sonnerait pas un peu « le Paris-Kolkhoze » ou « la Paris-Kamikaz » tout ça ?
Ride in Peace Robert…
Il y a quelques jours, Robert M. Pirsig, âgé de 88 ans s’en est allé. Vous connaissez sûrement l’auteur du « Traité du zen et de l’entretien des motocyclettes ». Vous l’avez peut-être lu ? Vous l’avez peut-être compris ?
Perso, quand j’avais lu « Motocyclette » sur la jaquette, je m’étais précipitée en me disant que ça allait être une lecture super méga cool. Le pitch ? Un mec, son fils, en bécane, à travers les states le tout saupoudré de bonnes ondes bien flex en mode ouvre tes chakras autant que les gaz. Sauf que Robert est obsédé par la qualité. Je ne parle pas de celle de son carburateur. Non, Robert est complètement toqué de la notion philosophique même de la Qualité.Sincèrement, j’avais embarqué son livre au Japon dans mon road trip en me disant que le soir, devant ma tente, seule, face à mon destin : « Toi Robert, mécano-philsophe, t’allais m’aider à y voir plus clair sur la vie, mon œuvre, tout ça. » Franchement, j’ai surtout bu un bon coup de saké…car j’ai rien pigé. Nenni. Quedal. Sorry Robert. C’est pas cool de ma part. Avec ta disparition, j’apprends que ton manuscrit a été refusé 121 fois par des éditeurs, score qui le fait entrer au « Guinness book records » !? Que personne ne voulait le traduire ! Et surtout, que t’as subi à 28 reprises des «électrodes d’annihilation artificielle». WTF ???!!! Tu m’étonnes que t’as voulu tracer en motocyclette pour comprendre la life. Allez, je promets pas de le lire en entier, mais c’est décidé, je vais en racheter un exemplaire et puis j’irai l’abandonner somewhere around the world, rien que pour te faire triper encore un peu. Ride in Peace Mister !