Me & the Papa… le début du voyage.

 

Si j’avais su……

Hey Papa ? Te souviens-tu? C’était en juin 2012. C’était ton rêve.

La route 66. Et jamais, au grand jamais, je n’aurais pu imaginer à quel point ton rêve allait changer ma vie. Pour ta fête, je reviens sur ce moment que nous avons partagé tous les deux et qui a bouleversé ma vie en y faisant entrer : la passion de la moto. Comment expliquer pourquoi ? Comment? Aussi soudainement j’ai su, là bas, que je posais la première borne kilométrique de ma nouvelle vie ? Flash-back. C’était précisément le 21 juin 2012.

Le décalaminage mental, vous connaissez ?

Ce jour là, j’allais pas fêter la musique avec mes potes mais un départ, avec toi, pour un bout de la route 66. Ah oui, t’étais drôlement heureux. Et moi ? Diable, je ne pensais qu’aux 2000 miles que mes fesses allaient subir en tant que passagère. La moto ? Je n’y avais jamais vraiment songé. Je l’aimais bien ta Harley. Sans plus. Et puis, à peine arrivés, nous avons pris la Road King et nous avons commencé à rouler. Patato Patato Patato. C’est là en quittant Las Vegas, en direction de Search light (quel nom !), j’ai vécu ce que j’appelle : mon DECALAMINAGE MENTAL.

Il y eut 3 étapes.

 

 

ONE: le décrassage du moteur.

Je suis arrivée aux USA le cerveau embrouillé de soucis : 37 piges, divorcée récemment, une fille de 2 ans à plein temps, un boulot de timbrée à Paris. La merde…. J’étais complètement lost dans le brouillard, le « haze », cette brume de pollution qui flotte au dessus de Palm Springs en Californie. Et bien, vous savez quoi ? Il a suffit de quelques bonnes bourrasques de vent plein la poire pour balayer tout ça, me nettoyer. Je crois sincèrement que le vent dans la tronche est salvateur. Pour moi, tout est devenu clair, net, lisse comme les Sandstones; ces rochers gigantesques des plaines américaines que le vent polit depuis des millénaires. Oui, après quelques centaines de bornes, j’étais lustrée, comme neuve. Prête, la Sophie.

TWO : le remplissage du réservoir.

Monument valley, Bryce canyon, Zion, la Valley of Gods….J’ai retourné le truc 1000 fois dans ma tête. Sincèrement, je vous adore mais il est inutile d’essayer de décrire de si grands espaces. Il faut les traverser, les vivre. Mon horizon s’est déployé sur la 66 historique, la 261 gravillonneuse, la 24 fruitière, la 12 rafraichissante….Que c’était beau. Toutes ces routes magnifiques m’ont permis de commencer à tracer la mienne. Plus nous roulions, plus je remplissais ces territoires, si vastes, de mes plus folles utopies mais surtout de mon nouveau rêve. Sans vraiment encore le comprendre, à chaque mile parcouru, je faisais le plein d’énergie pour me lancer.

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THREE: La mise en route du moteur.

Rouler, rouler et encore rouler. Je n attendais que ça. Tous les matins, comme des gamins, nous chantions (mal) « On the road again » !! On a tellement rigolé tous les deux. Mais surtout, sur la route, j étais heureuse. Sur ta moto, j étais libre. Une liberté nouvelle, inconnue. Je n’étais que ta passagère mais qu’importe, la sensation était la. Je n’oublierai jamais ce sentiment et cette pleine conscience d’être en vie, d’être en mouvement. À chaque démarrage du moteur, c’était simple, je remettais le contact avec moi-même.

 

Résumé des 3 étapes

Je voulais passer le permis moto, avoir une Harley comme toi, repartir sur la route, revivre ce plaisir.
Oui, c’était une certitude : avec ce voyage, je venais de poser la première borne kilométrique de ma nouvelle vie. Je suis rentrée à Paris avec un écusson Harley cousu dans le dos de mon blouson. (et oui, je fais rarement les choses à moitié). En février 2013, dans un froid glacial au circuit Carole, je passais le permis en version accéléré. Et en 10 jours, je l’obtenais. Mister Harley et Davidson devaient me mater depuis la-haut.

La suite ??

> 2013
Feu ma grand mère me permet d’acheter mon Sportster 72, 1200, blue pearl. Ma première moto. Une folie. Un amour de bécane. Jamais, jamais, jamais je ne la vendrais.
Grand mamie Anna s’en va. Et puis, il y a la petite Anna, son arrière petite fille, ma fille. A peine 4 ans et la Vie qui semble nous confirmer qu’elle veut visiblement lui faire prendre un chemin un petit peu différent.
Another story, Another road. LA vraie route, celle-là. Imprévue, sinueuse, exténuante, rageante…
Désormais la moto me tiendra debout. Et avec elle, je tiendrai la route. Depuis, je roule, je roule, je roule… dispersant souvent ma rage à chaque km, abandonnant ma furie aux paysages, offrant ma colère aux vents pour qu’ils la balayent. Comme là-bas sur la 66. Malheureusement, ça marche pas à tous les coups. Mais ça, c’est une autre histoire…

>2014
Avec mes 600 km au compteur, je pars dans l’Himalaya en Royal Enfield, en groupe avec Pierry Minette. Le Ladakh et le Zanskar me marqueront à jamais. Je tombe amoureuse des grands espaces. J’attrape le virus du voyage à moto. C’est foutu. > En 2015
Je m’envole seule au Japon. Là bas, Anna/Hana veut dire “fleur”. J’y parcours 2000 petits km entre le Pacifique et la mer du Japon avec une Kawa W 650. Alone, au milieu des Kami, ces esprits qui peuplent la nature japonaise….un voyage extraordinaire, intime, seule face à moi-même, au bout de moi-même. Je roule, je flippe des ours, je me perds, je prends la route, je mets mon âme en déroute et j’y arrive. Désormais le kami (l’esprit) des grands chemins ne me quittera plus.De retour du Japon, j’achète une vieille Kawa W 650. 4ème main. 66 000 bornes. Avec elle j’arpente Paris, je fais la belle, je rode, à la recherche de je ne sais quoi, je fais tourner le moteur, mais moi je tourne en rond.> 2016
En mars, je décide du coup de faire le Sri Lanka, un trip combinant Surf & Ride, en Royal Enfield (again). Je manque de me noyer en surf dans l’Océan Indien. Cela confirme que c’est bien sur la terre ferme que je dois rester. Un superbe voyage. Niveau boulot, finito le CDI. Soyons fous. Je passe conceptrice rédactrice en free-lance. Objectif : pouvoir partir, plus souvent.

En décembre 2016, la démangeaison du voyage ne cesse toujours pas et le off road m’attire irrésistiblement. A ce jour, je ne comprends pas bien encore pourquoi. Je pars en solo, avec un guide, Fred Berthault, m’affronter à la jungle thaïlandaise. Sans aucune expérience, je découvre les (gros) cailloux, la boue, la rivière, les lianes dans le guidon…..j’en bave comme jamais et j’adore. La découverte d’un nouvel élémen-terre?
A peine rentrée de Thaïlande, je revends donc la kawa pour une occasion Honda 250 CRF L de 6000 bornes avec des sacrés pneus à tétines.
J’y connais RIEN mais tant qu’on apprend, c’est qu’on vit, n’est-ce pas?

>2017 ?
Je veux APPRENDRE et tester toutes les conditions de pilotage…L’Enduropale du Touquet me fascine totalement. Moi aussi, je voudrais rouler dans le sable. Aller dans les dunes. Et puis faire du Flat Track aussi. Et puis repartir. Tout la haut, à Hokkaido, dans le Finistère du Japon, j’ai rendez-vous avec la danse des grues japonaises. Un nouveau projet…
Ouais, Papa, tu m’as mise, sans le savoir, sur une sacrée route !

Et puis, je roule et puis j’écris. Et plus je roule et plus j’écris. L’écriture comme une route, avec ses points de suspensions, ses parenthèses, ses chutes, ses changements de ton et ses chapitres…

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