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Le K du PDK


La première fois qu’on m’a parlé de la PDK, vous pensez bien que j’ai immédiatement pensé au Parti Démocratique du Kurdistan.
Du coup, ça a été un vrai soulagement de savoir que c’était simplement : le Paris-Dunkerque.
Enfin « Le » ou « La Paris-Dunkerque ».
Car sur ce point, j’vous avoue que ce n’est pas encore hyper clair.
Il y a un petit côté transgenre tout de même.
Entre LA balade rando de courtoisie à nos amis ch’tis et LE rallye.
Évidemment bien sûr, Le rallye du Paris-Dakar.
D’après Cocoricorando, l’équipe organisatrice, tout serait en effet parti du mythique rallye et l’envie d’en faire une version plus rigolote.
Après tout, à quelques lettres alphabétiques et quelques milliers de kilomètres près, pourquoi on s’emmerderait aussi.
Résultat, le PDK fait le plein et les places s’arrachent comme des pti’ pains ! Y a même une liste d’attente !!!!ARghhhhgh…..Faut dire, c’est drôlement excitant de faire 7l00 kilomètres de petits chemins pour rallier Dunkerque alors que c’est à 3 heures d’autoroute.
Un vrai itinéraire bis bien pensé pour offrir 3 jours de roulage en mode trail et 3 nuits de bivouac. oui ! oui !Me voilà donc embarquée dans l’aventure.
A priori, j’ai tout ce qu’il faut, la Honda, les bottes (enfin !), une tente, un sac de couchage et même un tapis de sol !! (NDLR : au Japon, je n’en avais pas et j’en ai bien bavé.) Pour le reste, et bien, je pense m’accoutrer comme pour mon trip dans l’Himalaya vue la superbe météo pourrie des derniers jours.
Et ça, c’est la méga classs à Dallas.
Nous devrions ainsi être 200 à partir (et j’espère autant à arriver !)
Pour des raisons de sécurité, nous roulerons par petit groupe de 5 engins environ. Perso, je pense aussi que ça fait moins “campagne néo-rétro napoléonienne ».
Sérieux, vous imaginez 200 gus pétaradants dans les bourbiers alors qu’un brouillard laiteux enveloppe la campagne anodine ???..….oups, je m’éloigne moi.
Bref.
Pour ma pomme, je squatterai un petit équipage super cool (enfin pour le moment, lol) puisqu’il sera constitué de Damien (et sa super Africa Twin); de Gilles et Thomas qui viennent avec leurs side-cars Ural, une première paraît-il pour le PDK.Deux ruskovs, deux nippones…. ça sonnerait pas un peu « le Paris-Kolkhoze » ou « la Paris-Kamikaz » tout ça ?
March Moto Madness

One step beyond!
Il y a des événements comme ça. Où tu sais que t’as vécu un truc tellement intense et tellement cool que t’en as même du mal à couper ton bracelet d’accréditation au poignet. Eh bien, March Moto Madness fait partie de ceux-là.
Soyons sincères, j’y suis allée avec un peu d’appréhension. Faut dire que la vidéo de l’édition précédente était pour le moins explicite sur le programme :
un week-end tout terrain avec du bourbier, des ornières, des parcours avec franchissements, des bosses et tutti quanti ; mais surtout avec 80 mordus de off road en gros trails.
https://www.youtube.com/watch?v=7faXZ9yaRfc
Regardez moi ces tarés !

Un pas plus loin.
Une roue plus loin, c’est du kiff kiff Sophinette, non ?
Et j’ai bien fait. Le terrain de jeu de MX School de Teddy Bertin est juste parfait pour apprendre et progresser. Il y en a absolument pour tous les niveaux : néophytes, amateurs ou confirmés welcome !
Les différents « manèges » sont top car il est possible non seulement de bourriner (ou pas) mais surtout de choisir dans les parcours les éventuelles bifurcations « advanture » versus « extreme ». Perso, j’ai pris mon pied sur chacun.
Personne ne te juge, personne ne se moque, tout le monde y va de son bon conseil. Résultat ?
J’ai beaucoup appris : Charger le cale pied extérieur dans le virage, s’avancer sur la moto, regarder loin, ouvrir les coudes, rester souple et puis surtout éviter de faire de l’apnée …
Pour le coup, je n’ai pas manqué d’air quand j’ai mis un peu trop les gazzzz façon Steeve Mac Queen pour survoler une ornière bien marécageuse.
Résultat : Bim boum plaf en mode pilaf ! La Sophie, version grain de riz, bien planté.


Un petit vol plané, un futal cramé, un sélecteur de frein retourné…et au final plus de peur que de mal ou devrais-je dire de mâles. Oui, je dois préciser qu’être une gonzesse à March Moto Madness, c’est être traitée telle une déesse. (NDRL : nous étions 2 filles à rouler au milieu de 80 garçons). En vrai genlemen riders, ils ont donc accouru pour m’aider et remettre d’aplomb ma moto. Merci guy’s !! Bref, Queen…plus que Steeve Mac Queen.
Le vrai roi était lui bien présent. J’ai nommé Monsieur Jean-Pierre Goy. Alors, là, c’est bien simple. Quand Master Goy roule : tu relèves ta visière, tu admires, tu observes et tu essayes éventuellement de comprendre. Car oui, ça te décrotte franchement la rétine de voir de telles prouesses avec des motos de plus de 200Kg. Soudainement, mon niveau est carrément tombé dans le négatif.
Alors, quand Jean-Pierre est venu me dire :
« vas-y, Sophie, roule, je te regarde ».
Punaise, je me suis sentie aussi à l’aise qu’un cul de jatte dans un concours de course à pied.
Et oui, c’est pas tous les jours que Dieu te regarde quand même.
1) Il a eu la gentillesse de ne pas ruiner mes rêves de faire un jour « convenablement » du tout terrain. (Ou était-ce de la politesse ???)
2) Il m’a donné de super conseils : être plus mobile sur la moto, moins tendue (tu m’étonnes Simone), respirer, prendre plus large les virages…
Bref, au top. Merci Jean-Pierre !

C’est fou, tout ce que j’apprends. Il n’y a même pas 1 an, JPG c’était Jean Paul Gauthier, ou un format de fichier photo. Maintenant, JPG, c’est Jean Pierre Goy. 🙂
Au final, le plus dur au March Moto Madness c’est de se rappeler les noms des différents terrains : Le Serpent magique, les Trolls, les Gnomes, Les Elfes… !
A l’arrivée, les échanges entre participants étaient féériques. « Je reviens du heu…Serpent à plumes ?» « Ah oui, moi j’ai fait les lutins » « Et les 7 nains, ils sont comment ? ». Mais n’était-ce pas là au final le but recherché ?
Créer un immense parc d’attraction pour grands enfants en mal de boue et d’adrénaline.

Je ne sais. Ce dont je suis certaine c’est qu’il va en falloir du temps pour décrotter mon enthousiasme et mon euphorie après ce March Moto Madness.
Oui, les amis, la passion, ça ne se passe pas au karcher. Ca te colle, ça te démange, ça te gomme, ça te dégomme. La passion, c’est comme la boue.
Pour ma part, je vais en garder un peu sur ma moto, juste par plaisir, juste pour me dire que j’ai pas déconné en achetant ma Honda, juste pour me rappeler ces 4 premières années de moto et pour confirmer ce sentiment:
Sophie, t’es sur la bonne route, la tienne.
Le Rallye des chamois

Avec son nom bien franchouillard qui vous renvoie à l’époque des pantalons fuseaux et autres blousons J-C Killy, le Rallye des Chamois, né en 1965 à Val d’Isère, sonne tellement rétro qu’il pourrait en devenir déjà ultra tendance. C’est bien simple, on aurait voulu l’inventer aujourd’hui, on n’aurait pas réussi. Mais le faire revivre 46 ans après sa dernière édition, est-ce possible ?
Pour le savoir me voilà partie à Val d’Isère, là où en 1965, Jean Murit, concessionnaire parisien BMW décida de lancer le « Rallye des Chamois 2770 », en référence à l’altitude du Col de l’Iseran, col carrossable le plus haut d’Europe. S’ils étaient une petite centaine lors de la première édition, l’engouement ne cessa de grimper pour atteindre plus de 6000 motos en 1970 !
Victime de son succès, la municipalité de Val d’Isère, complètement débordée par ces nouveaux pèlerins à 2 roues décida d’y mettre un terme.

Les 2 et 3 juillet 2016, 46 ans plus tard, le Rallye des Chamois signait donc son grand retour, sous l’appellation « Le Rallye des Chamois Reborn ».
Une renaissance que l’on doit à la ville de Val d’Isère et à Jack Monchanin, organisateur du Salon du deux roues de Lyon. Fini donc le temps de l’ostracisation, place aux motards et à tous les motards ! Du custom à la sportive en passant par la routière, ce premier Rallye des Chamois Reborn se voulait avant tout œcuménique et festif avec au programme des réjouissances la mythique ascension du Col de l’Iseran, un show de stunt, un concert de rock, une tartiflette géante et bien sûr des belles balades. Let’s go
L’ascension historique jusqu’au col se fit malheureusement sous un temps bien maussade et disons le même franchement un peu pourri. Mais qu’importe, les virolos ne prennent pas de rides et l’ivresse fut au rendez-vous, notamment pour ma pomme qui eut l’honneur et le plaisir de se voir prêter la dernière Africa Twin !!!







Des vétérans passionnés et passionnants !
Pour cette cuvée spéciale Reborn, une poignée « d’anciens chamois » étaient donc bien au rendez-vous. « T’as fait quelle année ? la 70 ou la 71 ? ». A les écouter j’ai cru un instant qu’ils me parlaient d’une guerre inconnue dont ils étaient les anciens combattants…
Cependant, à discuter avec eux, j’ai vite compris que ces « vétérans » avaient plutôt sacrément encore la gagne et surtout toujours la même passion. D’aucun n’avaient oublié leur premier Rallye et surtout avec quoi ils roulaient à l’époque. Nos conversations me firent faire un bon dans le passé de la motocyclette. Flashback.





Les grands yeux bleus de Jacques, 65 ans, s’illuminent encore plus quand il m’évoque la dernière année du Rallye en 1972. Son fidèle destrier était alors une Honda 750, une K0 insiste-t-il, en vérifiant ma prise de note. Quant à Nabs, qui porte fièrement ses médailles, lui roulait avec sa CB 125 K3. Aujourd’hui, il a fait le déplacement avec une autre ancienne, une magnifique 750 Gus Kuhn commando, « un bolide pour les amateurs de sensations fortes » comme l’écrivait Moto Revue en…1969 (ndlr numéro 1946). Et puis enfin, Nounours 64 ans, une des figures emblématiques des premiers chamois qui roule depuis 46 ans avec son fidèle destrier : un side BMW. Depuis sa grosse barbe, il me glisse que le Rallye des Chamois a lié à jamais tous ceux qui l’on vécu. Sincèrement, du haut de mes 3 ans de permis et de ma toute relative jeunesse, j’avoue mettre sentie bien petite comparée à eux.
https://www.youtube.com/watch?v=NlFoV_YAAlU&t=18s
C’est donc avec une petite pointe de jalousie que je me remémorais ces commentaires du film d’archive de l’INA… »bardés de cuir avec leurs casques et leurs lunettes qui les enveloppent dans une sorte de heaume, ils nous font penser à des chevaliers modernes… ». J’adore !
Et les cabris dans tout ça ?
Le gros coup de jeune du Rallye des chamois Reborn, fut assuré par Julien Welsch, 2 fois vice-champion d’Europe de Stunt et pilote d’usine pour la marque Triumph. En showman accompli, sa prestation de freestyle au guidon de sa Triumph Daytona 675 R de 200cv dans l’avenue principale de Val d’Isère a probablement fait fuir la moitié des marmottes en Italie mais valait vraiment le coup d’œil.




Alors, est ce que la montagne a accouché d’une souris ?
En ces temps où la moto se voit accuser de tous les pires maux, comment ne pas saluer l’initiative de faire revivre Le Rallye de Chamois ?
Ce fut une belle première édition, un peu dégingandée certes, comme le peut être un gamin à ses premiers pas, mais somme toute très bien organisée.
Une superbe occasion de rouler dans cette belle région qu’est la Savoie avec en prime ce sentiment, tout de même présent dans l’air, de revivre un pan de l’Histoire de la motocyclette.
Photos : ©Andy Parent
Surf & ride au Sri Lanka


On dit du Sri Lanka, que c’est la larme de l’océan Indien. Cette petite île (de la taille du Benelux) semble, en effet, comme s’écouler tristement de l’Inde, sa grande voisine. Des larmes ? Le Sri Lanka en a beaucoup versé avec une guerre civile qui déchira pendant trente longues années les habitants de ce petit paradis.
Depuis 2009, fort heureusement, le conflit entre Tamouls et Cinghalais a cessé et aujourd’hui le Sri Lanka offre un nouveau visage : joyeux, souriant et multiple. Ses plages de cartes postales et ses routes magnifiques entre plantation de thé, montagnes brumeuses, savanes arides en font un terrain de jeu formidable pour les motards et les surfeurs.
Pierry Minette, motard aventurier et surfeur, a eu la bonne idée de créer Surf & Ride, un road trip inédit pour combler les amoureux du bitume et des belles vagues. Avec comme bagage, 3 semaines de surf en Bretagne et 3 ans de permis, je me suis lancée dans cette aventure unique.
Le programme était simple. Depuis Colombo, la capitale, longer une partie de la côte sri- lankaise, faire quelques incursions dans les terres et surtout combiner un maximum de sessions de roulage et de surf. Pour prendre la route ? Une Royal Enfield, le mono 500 idéal pour s’élancer sur l’asphalte comme sur les chemins un peu plus cabossés du pays. Pour prendre les vagues ? Rien de plus simple. Sur toutes les plages, une petite guitoune nous attendait pour louer une planche pour quelques roupies. Ensuite il n’y avait plus qu’à se jeter… à l’eau.




L’âme à la vague
Pour l’habituée de l’Atlantique que je suis, le premier contact avec le Pacifique à Hikkaduwa fut évidemment contrastant.
Adieu combinaison intégrale, cagoule, chaussons and co… ici l’eau avoisine facilement les 29 degrés ! De quoi se faire plaisir pour surfer ou tout simplement barboter.
Mais attention les eaux paradisiaques du Sri Lanka se révèlent plutôt surprenantes avec des vagues bien plus puissantes qu’elles n’y paraissent. Arugam Bay est connue mondialement pour ses vagues, longues et rapides, dépassant parfois les trois mètres.




Ici, il faut donc avoir le maillot bien accroché et être prêt à vivre des moments de machine à laver programme essorage intensif. Après quelques essais, j’ai vite saisi ce premier point en commun entre le surf et la moto : la route comme l’océan te rappellent toujours que tu n’es pas le roi du monde.

Tout comme un virolo mal embarqué peut te faire embrasser le bitume, une vague mal amorcée peut aussi te faire manger du sable voire du corail. Je me souviens encore d’un mauvais démarrage en surf qui m’a donné l’impression de m’insérer sur un circuit en scooter avec des 200 chevaux qui me talonnent dangereusement !
Conduire au Sri Lanka
Tous les matins, après une petite session de surf au lever du jour et un petit déjeuner bien épicé comme il se doit, venait le joyeux moment de reprendre la route. Conduire au Sri Lanka, est une aventure à part entière. Dès le premier kilomètre, je me suis sincèrement interrogée sur le niveau exigé pour obtenir le permis dans ce petit pays. A vrai dire au deuxième kilomètre, je me suis tout simplement demandé s’il y avait un permis. Et finalement, au troisième kilomètre, je me suis dit qu’à l’épreuve de l’évitement au plateau, les Sri Lankais seraient les champions hors catégorie. Car c’est bien simple, au Sri Lanka, conduire équivaut à éviter les autres qui sont, dans le désordre d’apparition : les tuk tuk, les chiens, les piétons, les voitures, les vaches et les autocars rouges. Datés d’un autre siècle, ces derniers sont définitivement les plus dangereux. A 90 km/heure, lancés comme des bolides sur des routes qui traversent de minuscules villages, ils freinent à peine aux arrêts de bus. Et voilà des piétons et des passagers capables de toutes les cascades (en tongues) pour grimper ou descendre du diabolique engin roulant.




Finalement, après quelques bornes, le klaxon devient l’extension de votre pouce et se révèle bien plus important qu’un quelconque clignotant. Heureusement, ceci n’est valable que pour les rares routes nationales, car tout comme les meilleurs spots de surf, (encore un point en commun) les plus belles routes sri lankaises savent se faire désirer et sont éloignées des grands axes.
Pierry Minette, le guide, a bossé un parcours qui n’est autre que du bonheur à rouler





A fleur d’océan, les petits chemins qui traversent les villages de pêcheurs sont dignes de cartes postales vivantes. La nature y reprend ses droits et vous offre son flot d’odeurs paradisiaques et ses couleurs explosives : frangipaniers, bougainvilliers, hibiscus géants. Le Sri Lanka est un pays tout en fleurs et si le pacifique vous fait toujours de l’œil, c’est bien les sourires des enfants et des habitants qui vous accompagnent tout au long des ces petites routes.
Let’s ride and smile !
Du bonheur ….en infusion
Il faut savoir délaisser les routes côtières et les planches de surf pour s’enfoncer dans les terres intérieures du Sri Lanka. Rouler dans les Hautes Terres, c’est du bonheur en infusion ! Les virages en épingles à cheveux au fil de crêtes verdoyantes vous font ondoyer au milieu d’une tapisserie émeraude : celle des plantations de théiers. Le Sri Lanka portait jusqu’en 1972 le nom de Ceylan, un nom indissociable du thé. Les environs d’Ella, au centre du pays offrent un paysage fascinant façonné par l’Homme il y 2 siècles et entretenu tels les jardins du château de Versailles. La Royal Enfield est parfaite pour s’aventurer sur les chemins pierreux et s’enfoncer au cœur des plantations.





Un paradis vert parmi lequel drapées dans leurs saris éclatants les cueilleuses sont autant de petites touches de couleurs. Au guidon de mon fidèle destrier, j’ai pensé que la cueillette était un bien joli mot pour désigner en réalité un travail harassant effectué uniquement par des femmes tamoules. Ces familles demeurent les plus mal payées du pays et sont encore sous considérées y compris par le reste de leur communauté ! Ainsi, chaque jour à la sueur de leur front, les cueilleuses récoltent plus de 35 kilos de petites feuilles qui en moins de 24h deviendront la célèbre poudre dégustée à l’heure du five o’clock tea. De quoi regarder différemment le petit sachet de thé une fois rentrée ! Les routes des Hautes Terres sri-lankaises restent selon moi les plus beaux moments de roulage du voyage et l’image la plus évocatrice de cette île.


Prêt pour un safari moto ?
Avec ces 200 kilos réservoir plein, la Royal Enfield pèse 15 fois moins que le plus grand pachyderme du monde à savoir l’éléphant. Une comparaison certes un peu inhabituelle mais tout de même à prendre en compte quand vous abordez un corridor routier indiquant par un panneau (on ne peut moins habituel) la traversée probable de Babar et toute sa famille.


Les réserves naturelles comme celle de Yala au cœur de l’ile permettent non seulement de s’éclater sur des petites pistes parfois ensablées bien sympathiques et aussi de s’approcher à quelques centaines de mètres des géants de la forêt. Un spectacle magique à vivre surtout à la tombée du jour quand la terre ocre se pare de ses plus beaux reflets et que toute la nature se met en mouvement : ici les centaines de hérons par centaines regagnant leurs arbres, là les buffles revenant des rizières avec leurs inséparables piques bœufs sur le dos… Pour les amoureux de la nature, le Sri Lanka offre vraiment une faune exceptionnelle à apprécier en toute liberté depuis sa selle. Les singes qui déguerpissent, les paons qui s’extasient devant vos roues, les varans qui se traînent nonchalamment… sont autant de visions qui rythment le voyage quotidiennement.


Je pourrais également parler des centaines de temples bouddhistes et hindouistes qui jalonnent la route, des délicieux rice curry qui enflamment les papilles, des trésors architecturaux comme la ville de Galle et son passé colonial hollandais classée au patrimoine mondial de l’Unesco, des chiens jaunes errants aux oreilles coupées signe de bonne santé et même d’un corbeau qui s’est bien marrer à lâcher sa prise (un poisson mort) en plein vol sur ma tête…
Oui, le Sri Lanka est un pays surprenant et multiple.
Il y a fort longtemps, il portait le nom de « Serendib » qui a donné le nom un peu râpeux et peu connu de sérendipité, soit le fait de trouver ce qu’on ne cherche pas (un peu comme la tarte tatin, le coca-cola, et bon nombre d’inventions issues du hasard). Le Sri Lanka peut revendiquer haut et fort son illustre nom car une chose est certaine, là-bas, vous trouverez bien plus que ce que vous y êtes allés chercher. Des plages de rêves pour surfer, des routes sublimes mais surtout une façon unique de mettre votre âme en déroute. N’est-ce pas là le but de tout voyage ?
Himalaya, Ladakh et Zanskar

L’idée d’un grand voyage en moto était enfouie en moi depuis toujours.
A 39 ans, avec un permis en poche depuis à peine deux ans et mes quelques milliers de kilomètres au compteur sur mon sporster Harley 72, il était temps pour moi d’aller vérifier cette information (de la plus haute importance) : les yacks avaient-ils déserté les hauts plateaux himalayens au profit de hordes de motards ?
Mon périple était le suivant : 2000 km de route dans la chaîne himalayenne, au Ladakh et au Zanskar, deux régions indiennes, situées au Nord Est de l’Inde, derniers refuges de la culture tibétaine en terre libre.
Je partais en groupe, avec un guide, une assistance technique et en Royal Enfield. Je prendrai la moto à Leh, capitale du Ladakh pour 13 jours de roulage à raison de 8 heures de moto quotidiennes et ce à une moyenne de 4000 mètres d’altitude. Un joli défi et surtout de belles émotions en perspective. Feed Back !
Quand on arrive à Delhi, l’Inde vous infuse par tous les pores. La chaleur y est suffocante, l’odeur poisseuse, le bruit obnubilant. La capitale indienne et ses quelques vingt millions d’habitants vous aspirent dans son immense roue de la vie et vous ne pouvez rien y faire. C’est ainsi, vous êtes plongés dans le plus grand bazar humain et le plus beau concert de klaxons du monde. Le vacarme est si intense que Delhi aurait été déclarée « ville la plus bruyante du monde » et depuis peu une ONG essaye désespérément d’instaurer une journée sans klaxons. Bon courage.
Vous ne retrouverez pas de calme mais vous rongerez un peu votre frein en partant à la découverte de Karol Bagh, le plus grand marché dédié à la moto de New Delhi !
Karol Bagh est une sorte d’avenue de la Grande Armée (NDLR : avenue comportant tous les concessionnaires de moto à Paris) mais version super capharnaüm ! Au milieu de ruelles boueuses et d’un délicieux mélange d’odeurs de friture et d’huile de vidange, les mécanos s’affairent au fond d’échoppes minuscules à réparer et bidouiller tout ce qui peut encore rouler. On peut tout acheter en pièce détachée, tout vendre aussi, tout se faire faire sur mesure et bien entendu trouver la moto de ses rêves. Au choix, la mythique Royal Enfield mais aussi des Héro Honda à pléthore, des Bajaj de toutes les époques et quelques récents modèles.
Leh, une ville dans les nuages

Atterrir à Leh, véritable point de départ du road trip, donne l’impression de se poser au milieu des nuages. La capitale du « Petit Tibet libre » se situe à 3600m d’altitude et il déjà possible de ressentir les symptômes du Mal des Montagnes : Céphalées, nausées, vomissements et vertiges en sont les signes les plus fréquents. Son incidence est variable, mais les effets augmentent très rapidement avec l’altitude ; 15 % à 2 000 mètres d’altitude et 60 % à 4 000 mètres. Il est possible de prendre des médicaments pour s’en prémunir mais il vous en coutera quelques effets secondaires comme souvent des fourmillements au niveau des pieds et des mains.


Celle avec qui je vais partager mon quotidien pendant deux semaines est une Bullet Classique 500cc, le modèle emblématique de chez Royal Enfield.
Une moto de légende incarnant toujours aujourd’hui l’aventure et le style. Fondée en 1890 en Angleterre, Royal-Enfield a lancé en 1949 la Bullet 350, l’Inde en équipera son armée et usinera ainsi la moto. En 1970, si l’usine britannique disparait, la firme Enfield-India Limited subsiste.
« Made like a gun, runs as a bullet”
La prise en main est somme toute assez perturbante quand on est habitué comme moi à un sporster 1200 cc avec des commandes avancées et un guidon apehanger. Là, avec ses quelques petits 180 kg et son petit empattement, je me sens sur un vélo. Fort heureusement le sélecteur de vitesse est à l’occidentale et on a le choix de kicker ou pas. J’adore le ronronnement du monocylindre, sa facilité de prise en main, son petit air rustique. Néanmoins, pendant les premiers kilomètres, j’ai l’impression qu’elle est bridée à 80k/h. En effet, le monteur n’incite guère à monter dans les tours mais c’est surtout la puissance qui ne semble pas être au rendez-vous à l’inverse des vibrations.
Une première impression certes en demi-teinte mais toute relative quand on se rappelle les effets de l’altitude sur la puissance du moteur et surtout quand on emprunte les routes indiennes qui sont trouées comme du gruyère. La petite 500 cc va me bluffer par sa robustesse et sa maniabilité.
Rouler jusqu’à 5602 mètres d’altitude, done !


L’ascension du Kardunhg la, le col carrossable le plus haut du monde à 5602m, ne sera qu’une simple formalité pour la Royale qui semble flotter au-dessus des cailloux. Pour la conductrice, c’est moins évident. Caillasse, virolos en épingle, froid, poussière….l’acclimatation est raide et il faut rester concentrée sur la topographie du terrain alors que le paysage est absolument fascinant.
Jullay ! Jullay ! (bonjour)
Splendide Lamayuru






Qui dit ascensions de cols dit fort heureusement descentes vers les vallées. Les routes qui serpentent au milieu des plaines au travers du Ladakh sont des moments de roulage purement magiques. Après une belle journée de virolos, le village tranquille de Lamayuru, perché au cœur des roches se révèle un havre de sérénité inattendu. Son monastère, le Yungdrunp Gompa, le plus vieux du Ladakh abrîte aujourd’hui encore, des moines et des moinillons qui y pratiquent le bouddhisme dans la plus pure tradition tibétaine. Au milieu des tournesols et des roses trémières qui poussent incroyablement bien à de si hautes altitudes, il faut savoir quitter son plus fidèle destrier pour aller à la rencontre du peuple ladakhi et de sa gentillesse. L’ascension, à pied, au lever du soleil jusqu’au chorten (édifice religieux) surplombant le village me coûte presque un poumon mais, une fois au sommet, m’offre un moment unique de quiétude.





Reprendre la route chaque matin malgré le froid et les courbatures de la veille demeure un moment de plaisir. Chaque départ est une promesse de paysages toujours plus beaux, toujours différents. Ainsi les routes qui mènent vers Kargil, à quelques dizaines de kilomètres du Pakistan à vol d’oiseau, sont d’une beauté majestueuse et les mots sont impuissants au regard de la grandeur et de l’immensité qui vous entourent.




Au fur et à mesure des kilomètres, les réparations se multiplient : joint de culasse, bras oscillant, pneus crevés, câble d’embrayage….A moins d’être un super pro de la mécanique, d’apporter avec vous toutes les pièces de rechange ou d’avoir plusieurs mois devant vous, il est nettement préférable d’être accompagné par un mécanicien indien. Sanjay sera mon sauveur, une sorte de super héros de la mécanique, un défi humain lancé aux visages de tous les garagistes, un affront impensable pour tous les concessionnaires. Car Sanjay détecte la moindre panne à l’oreille, répare tout ce qui se trouve sur une Royal en moins de 15 mn et toujours avec le sourire.
Ici et peut-être plus qu’ailleurs, les choses ont la valeur que vous voulez bien leur accorder. Alors, un câble d’embrayage foutu, c’est avant tout l’opportunité de contempler l’immensité, de rencontrer les populations et tout simplement, qui sait, d’éviter un carambolage de camions à 5 mn près.











Comparé au Ladakh, le Zanskar reste une région rarement explorée et encore moins en moto.
Cette petite région est isolée du reste du monde durant un interminable hiver de 8 mois ! Dans ces hautes vallées, un peuple de paysans et de moines y vit (pauvrement) vivant de tsampa (farine de d’orge) et de lait de dri (femelle du yack). Miam.
Une seule piste permet de s’enfoncer dans les plaines zanskaries. 400 kms de cailloux (et pas des petits gravillons), ornières, et passages de gué s’ouvrent devant vos roues. La vitesse moyenne quotidienne est ridicule. Entre 15km/h et 40 km/h maximum pour parcourir à peine 100 kms par jour. Mais peu importe, au Zanskar, le temps s’arrête et vous n’avez pas assez de vos yeux pour réaliser que ce que vous voyez est tout simplement hors proportion, dans sa splendeur, sa beauté, sa minéralité.



Après 8 heures d’effort, vous pouvez toujours rêver d’un bon bain chaud, vous ne l’aurez jamais. Les hôtels sont des campements assez sommaires. Pas d’eau chaude, des sanitaires qui n’en ont que le nom, du courant électrique épisodiquement. En septembre, c’est l’été au Zanskar, et les nuits sont déjà froides (moins 5 degrés la nuit dans les tentes). Mais au diable l’encombrement occidental ! Discuter avec les femmes zanskaries, bergères isolées de tout ou jouer avec les moinillons du monastère de Karsha vous fera relativiser et prendre de la vraie altitude.
J’emmène toujours un album photos avec moi pour partager en images, faute de mots, un peu de ma vie…ici les moines s’étonnaient de voir ma fille, Anna, à la mer. L’océan étant une réalité bien lointaine pour les zanskaries.
Jullay ! Jullay ! (bonjour)
J’adore, j’adore les camions Tata !
La Transhimalayenne



L’étape ultime du périple est la Transhimalayenne. Construite dans les années quatre-vingt-dix, elle suit le tracé de l’ancienne route de la soie et connecte la vallée de l’Indus au pied sud de l’Himalaya afin d’atteindre le cœur de l’Inde. Retrouver le bitume est une sensation exquise. Le Rhotang La col situé à 3978 mètre et qui veut dire « tas d’os » (beaucoup de voyageurs y auraient laissé leur peau) sera l’apothéose en terme de conduite. Pluie battante en continue, boue, brouillard, bouchon de camions Tata sur des dizaines de kilomètres…C’est ubuesque, apocalyptique, un peu dangereux, mais tellement (re)vivifiant.
Mon coeur est resté à Saarchu



Ma plus belle rencontre. Je lui ai laissé mon album photo avec les photos d’Anna.
Et les yacks dans tout ça ? Soyez rassuré, ils n’ont pas déserté l’Himalaya. Vous en croiserez un de temps à temps. Exactement comme ces motards en Royal Enfield qui s’amuseraient presque à se prendre pour des aventuriers…et qui ont bien raison.
Himalaya style…


