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Eric Lobo, Arctic dream. Au bout du monde à moto.

Nous nous étions rencontrés en 2013 à Port Grimaud alors que je venais d’obtenir mon permis et ma première moto, un sportster 1200 Harley-Davidson…A l’époque, Eric Lobo revenait de son premier périple autour du monde. Depuis, si j’ai un peu roulé ma bosse, lui…il a carrément roulé sur l’océan…arctique. Il sera au prochain meeting Horizons Unlimited et cette fois-ci j’oserai lui demander une dédicace. Belle lecture.
« Artic Dream », c’est le rêve d’Eric Lobo, mais c’est plus que ça. C’est avant tout une promesse faite à son père : celle d’aller rouler, en hiver, sur l’océan arctique, en Harley-Davidson.
« Artic Dream », c’est plus qu’un continent, c’est 50 000 kilomètres au guidon d’un Dyna Street Bob Harley-Davidson, à travers l’immensité russe, le Caucase, l’Altaï, le Kamchatka jusqu’à la banquise de l’océan glacial…et les Etats-Unis.
« Artic Dream », c’est 14 mois, exposé à des températures entre +49°C à -74°C (en intégrant le refroidissement éolien), sur une moto qu’Eric doit faire évoluer au fur et à mesure des défis, jusqu’à la parer de skis pour affronter 10.000 km de routes englacées du Grand Nord canadien et de l’Alaska.
Son objectif ? Tuktoyaktuk, petit hameau au nord du cercle arctique accessible uniquement par une route de glace qui s’étend sur plus de 200 km !

Si la route vers « Tuk », la plus septentrionale du monde, sera jalonnée de souffrance pour le corps et l’esprit de notre aventurier, le retour lui offrira son plus beau souvenir : Celui de tracer des courbes à plus de 120 km/h sur la mer polaire, comme un surfeur des neiges, debout sur les skis, avec 450 kilos de métal vibrant entre les jambes, tutoyant les limites de ce que l’homme et la machine peuvent supporter : -74°C.

« Qui ressemble à un caribou », telle est la signification de Tuktoyaktuk, en inuvialuktun, la langue parlée le long de la côte des Territoires du Nord-Ouest Canadien. Et c’est un peu le cas d’Eric.
Paré de multiples couches de fourrures pour le protéger de la morsure du vent polaire, il semble parfois s’être muté en une bête fantastique, un animal à la fois sauvage et métallique.
Est-ce alors un surhomme illuminé? Un conquérant passionné ? Un fou solitaire? Ou simplement un être humain toléré par la Nature ?
Celui que l’on nomme le Biker de l’extrême apparait désormais n’appartenir qu’à une seule terre, celle de la liberté. Cette « liberté » qui, comme le dit Jean-Louis Etienne, un autre aventurier des pôles et de l’extrême, « ne se gagne pas sur les autres, mais sur sa propre vie ».
Une rencontre inoubliable à partager au prochain meeting meeting Horizons Unlimited France.
Eric Lobo a publié 2 livres « Road Angel » et « Arctic Dream » disponibles chez Editions Oldskull et dans toutes les bonnes librairies.
Crédits photos @Eric Lobo.
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March Moto Madness, ce n’est pas que pour les gonzesses.


Non ! C’est aussi pour les filles ! 🙂
La preuve avec cette bien belle nouvelle édition du March Moto Madness qui s’est déroulée ce week-end et qui a vu sa fréquentation féminine augmenter de, allez… 50%, avec j’dirais comme ça, à vue de masque crotté, pas loin de 10 filles sur une centaine de gaillards !
Ouep, les poules font définitivement leur entrée dans le poulailler de Cocoricorando et c’est tant mieux.
J’ai ainsi eu le plaisir de rencontrer Sonia et Axelle avec leurs superbes machines. Deux petites 125 aussi sympathiques que leurs propriétaires qui venaient mettre pour la première fois leurs pneus dans la terre. Bravo les filles, vous avez diablement bien assuré !


Et puis d’autres filles, avec qui je n’ai pas eu le temps de discuter car nous étions là pour rouler, n’est-ce pas ?
Et pour rouler, au March Moto Madness, il y a de quoi faire !
Pour le programme 2018, nos Ch’ti poulets de Cocoricorando ont, une fois encore, bien préparé les choses avec un accueil chaleureux, une organisation parfaite et surtout un terrain de jeu génial.
Tous les manèges, soit une dizaine, étaient ouverts à tout(e)s pour le plus grand plaisir des débutant(e)s comme des plus aguerri(e)s.
Je ne reviendrai pas sur les noms des différents espaces, qui du « gnome » au « serpent magique » en passant par les « lucioles » te font croire que tu es chez Walt Disney, mais tout simplement sur la diversité des terrains qui permet vraiment de s’éclater.

Comme l’an dernier, la plupart des circuits avaient été pensés avec deux catégories : une version extrême et une version aventure, plus simple, offrant ainsi la joie de se faire la main avant de jouer aux véritables casse-cous.
Ici des petites bosses, là des cailloux, ici un parcours au milieu des arbres, là encore des grosses grosses bosses et bien sûr The bourbier de son vrai nom « la vallée humide ».

Tu m’étonnes Simone, pour humide elle l’était la vallée !
Une vraie belle mare où ils ont été plus d’un à s’y planter tel un roseau.
Plouf. Plouf.
Sortez les cordes.
Perso, j’ai évité les grenouilles dans les bottes, ça gratte.
Cette année, petite nouveauté avec le mini-circuit de pit bike.
C’est drôlement rigolo ces petites motos, ça pétarade à 50 cm du sol et ça envoie tout de même du bois si t’oublies de démarrer en 3ème.
Tournicoti, tournicota, on a bien rigolé avec Laurie, deux vraies déesses au milieu des boudins… gonflables of course.

Si l’an dernier, grâce au March Moto Madness, j’avais eu le plaisir de découvrir JPG (et je ne parle pas du fichier photo ni de Jean Paul Gautier mais bien de Jean Pierre Goy), cette année ce fut David Frétigné en personne qui nous a fait l’honneur de sa présence. Trop chouette !!
Diable, quand je l’ai vu, j’ai repensé à mon stage de septembre effectué avec lui et là je me suis liquéfiée comme de la gelée, aussi nerveuse qu’un chat dans une pièce remplie de rocking-chairs.
Aie aie aie….La bonne position, le déhanchement… j’avais tout oublié.
Et oui, que voulez-vous les ami(e)s, mon corps a ses raisons que visiblement ma raison ignore. C’est un peu déprimant de se dire qu’il faut tout bien ré-apprendre mais finalement au fur et à mesure de la journée, je crois avoir retrouvé un peu les sensations à défaut du style et de la technique.
Pour ça, faudra repasser dans quelques mois.

Du coup, petite aparté, avec tout ça, je me demande si en 2019, nous n’aurons pas droit au super beau pilote Adrien Van Beveren, auquel cas, entre nous, mes chers poulets, je pense qu’il risque vraiment d’y avoir de la poulette au MMM. Bref, ne nous emballons pas, les filles.
Si je fus un peu rouillée dans la terre, je ne fus pas trop nulle en version escargot à l’épreuve de lenteur.
Malheureusement, « la » gastéropode blonde que je suis n’avait pas pigé qu’il y’avait un concours ! Si elle l’avait su, bourrique comme elle est, elle se serait entraînée pendant toute la matinée.
L’an prochain, j’arracherai la victoire !!

Au lieu de ça, je suis allée dans les chemins, tralali, tralala, en optant pour la petite balade de 30km.
Au March Moto Madness, il y a 3 balades au choix : 30, 50 ou 70 km et c’est bien cool. Armée pour la première fois d’un gps tripy (bien pratique ce truc et hyper facile à piger) j’ai joué à l’ouvreuse avec Sonia et Axelle dans les petites ornières et un chouette passage de gué.
Une fois encore, j’ai mis le style de côté pour privilégier, malgré moi, le côté ridicule en y allant bien franchement en mode tsunami et poussez-vous les batraciens, Sophie arrive !
Voilà, MMM ça pourrait vouloir dire Moi et ma Moto dans la Merde..et bien non…
En effet. Et je vous donne même mon avis : cet événement est vraiment l’idéal pour toutes celles et ceux qui souhaitent débuter en off-road ou tout simplement se remettre en selle avec la venue du printemps.
Un seul regret, n’avoir pu rester, pour raison perso, qu’une seule journée. 🙁
En effet, j’ai cru comprendre que le soir, la bonne ambiance était encore montée d’un cran avec un chouette bœuf musical entre motards mélomanes…
Une orchestration parfaite jusqu’au bout !
Petit clin d’oeil à mes consoeurs, pardon, confrères :
– Vincent Motarologue
– Braap
– Asphalt therapy
Plus d’infos sur les événements Cocoricorando : www.cocoricorando.fr
Luc Cotterelle, Terre Propice (dvd). L’aventure comme Présent.

Le mot « présent » est un bien joli mot. Il veut dire « maintenant », « être là, assister » et il veut dire « cadeau ».
C’est pourquoi le mot “présent » colle parfaitement au film de Luc Cotterelle : Terre Propice.
Car voici l’histoire d’un homme qui a rendez-vous avec lui-même, chaque jour, là, aux confins de l’Afrique, dans ces terres propices qui vont tout lui offrir : la bienveillance, l’entraide, la liberté…le temps.
Un incroyable périple que Luc effectue en 2012, seul, alors âgé de 41 ans, au guidon de sa 1150 GS. Au départ, un petit break prévu de 6 mois, voire 8, max, le temps pour lui de rejoindre Cap Town en Afrique du Sud depuis sa ville, Dunkerque. L’escapade durera 2 années et 7 mois.
Quelques 950 jours, 87 300 km, 44 pays traversés, 5000 litres d’essence, 20 kg de perdus…les chiffres permettent à peine de saisir l’ampleur de son aventure, et c’est tant mieux car sincèrement l’essentiel est bien ailleurs. L’essentiel ne se calcule pas, ne se mesure pas, ne se quantifie pas.
Alors, tant pis pour les amoureux des exploits kilométriques, les stakhanovistes de la route, les furieux de la montre, les « François Gabart » du bitume… Luc prend son temps et moi je l’ai tant apprécié ce temps, émerveillée pendant les 1h30 de son film réuni sur 2 DVD.

Au départ, cela ressemble à une échappée, nécessaire, presque vitale comme une urgence. Pourtant, si pour Luc, il semble urgent de prendre le temps, le vrai tempo de son voyage, c’est le rythme de l’Afrique qui va le lui imposer, petit à petit.


Un rythme scandé de galères en sourires, de difficultés en rencontres miraculeuses, de phases de doutes en phases de certitudes.

Voilà, le rythme de l’Afrique qui l’embarque dans ce qui devient alors une promenade (pas toujours de santé), une balade ou devrais-je dire une ballade comme un poème, comme un chant. Oui Luc flâne. Le grand raide vadrouille.
Il prend son temps et beaucoup de détours, parfois forcés, souvent souhaités, jusqu’à parfois se mettre en déroute, lui-même.

L’errance est en embuscade comme il le dit. Pas l’errance géographique, l’errance de l’esprit. Il le sait. Le présent le remplit, le présent l’avale aussi.
Alors de pays en pays, Luc apprend à ajuster « son lâcher prise » et moi, je pense à Nicolas Bouvier en regardant ce grand gaillard qui pense faire un voyage alors que le voyage le fait et le défait à grand coup de providences.

Si le film de Luc se conjugue au présent, l’Afrique, elle, se conjugue au pluriel.
J’aurais bien collé un petit « s » à cette « Terre Propice » tellement magnifique de sa diversité, tellement riche de ses ethnies, de leurs cultures, de leurs savoir-faire et de leurs rituels fascinants.
Du Mali au Togo, du Gabon au Burundi, du Gabon à l’Ethiopie…ce film est un magnifique témoignage sur l’Afrique. Et si les images sont belles, je crois que les paroles le sont encore plus.
Les conversations sont parfois drôles. Souvent, les échanges se passent de mots. Et puis, immanquablement, derrière les sourires, les mots vous balancent à la face une réalité tellement dure.
J’entends encore ceux emplis de fatalité des « bayendas », ces courageux pousseurs de vélos qui ne rêvent que d’une route en lieu de leurs pistes ravinées. Ou encore, la sagesse de cet homme burundais, qui avec 3 simples cailloux pour cercler un feu, explique les 3 valeurs de son pays : l’unité, la paix, le progrès…sinon le pot ne tiendra pas sur le feu.
https://youtu.be/nTFPDJMeZGE
« Demain il fera beau sur les routes, demain il fera beau sur les chemins » Kaporal Wisdom.
Et puis surtout, surtout, cet optimisme, brandi comme ce qui semble être, bien souvent, la seule arme contre le destin et l’injustice.
Oui, si l’optimisme était une monnaie, l’Afrique serait sûrement le continent le plus riche du monde.
Et enfin, la parole de Luc. Elle se fait guide tout au long du film pour nous apprendre tant sur ce continent, sans jugement, tout en nuance.
Entre confidences sur ses (rares)appréhensions, son sentiment d’impuissance souvent, les mots de Luc claquent parfaitement, justes, sincères et empreints d’une rare humilité, aussi grande que l’est son aventure.
Oui, Il faut bien écouter ce film. Jusque dans ces moindres détails comme prendre le temps de découvrir la superbe playlist qui égrène tant de petits bijoux musicaux, de belles voix, de messages engagés.
https://www.youtube.com/watch?v=1jzwUHlimmE
Lorsque j’ai rencontré Luc, je l’ai trouvé Grand, certes, mais surtout comme tant d’autres, je lui ai dit d’écrire un livre. On doit être nombreux à te mettre la pression !
Au final, Luc, je me rends compte à quel point ton film est déjà un livre.
Un livre où les protagonistes sont avant tout le sourire des enfants, des femmes et des hommes rencontrés, les paysages, l’optimisme et bien sûr cette moto que tu tiens à bout de bras, à moins que ce ne soit l’inverse, sans mise en scène.
Et pourtant, c’est un livre ouvert sur toi.
Luc, Il y a tant de voyageurs qui bouchent leurs propres paysages.
Toi, c’est l’inverse.
Et selon moi, sache-le, ça, c’est le vrai talent des grands écrivains-voyageurs.
Terre Propice est un cadeau, pour les yeux, les oreilles et l’âme. Offrez-le (vous) !

DVD en vente depuis son site : www.le-grand-raid.com
Crédit photos : Luc Cotterelle.

Anne-France, c’est pas du vent. (livre)

C’était en 1972.
Seule femme sur 92 pilotes, Anne-France Dautheville, 28 ans, participe au raid Orion entre Paris et Ispahan. Une fois arrivée en Iran, elle poursuivra en Afghanistan et au Pakistan.
Trois mois plus tard, à son retour en France, des rumeurs circulent : on la dit lesbienne, nymphomane, et surtout qu’elle ment sur son exploit car elle l’a fait dans un camion du raid ! Voilà qui est gonflé tout de même !
Anne-France brasserait-elle de l’air ?
Furieuse, elle décide de repartir, seule, cette fois-ci, pour un tour du monde, qu’elle veut faire constater par huissier : Canada, Alaska, Japon, Inde, Afghanistan avec une petite Kawasaki 100cc…..et na ! Son périple incroyable, elle le relate en 1975 dans Et j’ai suivi le vent, réédité cette année, chez Petite bibliothèque Payot Voyageurs.
Je l’ai lu cet été et voilà 3 mois que je repousse l’exercice de vous partager mon avis (puisque j’ai en pris l’habitude). Je ne me suis pas pressée et j’ai drôlement bien fait.
En effet, il y a quelques mois, mon opinion était pliée : Je n’avais pas franchement aimé le livre d’Anne-France et pire encore je ne comprenais pas le vent d’enthousiasme qui emportait soudainement toute la presse.
En effet, j’ai eu vraiment du mal à entrer dans son livre et à y rester. A me dire que j’aurais mieux fait de mettre 9 euros dans mon réservoir que de lire les aventures de cette jeune femme qui pourtant me faisait tant envie.
Oui, j’ai trouvé que la narration ne laissait peu de place, sinon aucune, à la description des paysages qu’elle avait dû pourtant traverser, à ses sensations vécues sur la moto….C’était un enchainement de rencontres, d’allers-retours d’ ambassades en bureaux Air France et autres péripéties. Parfois, cela en devenait comique, comme ces lignes entières qu’elle accordait à des faits sans grand intérêt tel ce passage sur sa rencontre nocturne avec un chat alors qu’elle campait au bord d’une piscine.

« C’est à ce moment précis que le chat m’a vue. Un beau chat tricolore comme ce n’est pas permis, visiblement francophile. Zzzzwip ! Clop, clop, clop ! Ce crétin de chat venait de découvrir le toboggan. J’ai peu dormi, cette nuit-là. »
Désarmant, comme l’idée d’un chat tricolore, en effet. Moi, j’aurais aimé qu’elle me parle de la beauté (ou pas) des rives du St Laurent, des forêts canadiennes…
Et bien non : « J’avais fait mon devoir de touriste, j’avais vu Montréal, j’avais vu Québec. Maintenant les forêts pour me faire plaisir ».
L’héroïne, puisqu’elle se définit ainsi, semblait suivre simplement le vent balayant parfois d’une rafale tout un pays. Le chapitre intitulé « quelques arguments pour mieux détester le Japon » est pour le moins explicite.
Certes, sur ce coup-là, étant fascinée par la culture nippone, c’est sans aucune objectivité, que je vous avoue mon agacement à supporter ses préjugés pendant 40 pages sur les japonais et les japonaises comme autant de vérités de la Palice.
Diable, Anne-France, le voyage ne consiste-il pas aussi à avoir de nouveaux yeux ?
Et puis, parfois, c’était tout l’inverse. Son écriture révélait une femme dotée d’un humour certain, mais également d’une sensibilité à fleur de peau.
« Ma vie est-elle si vide, que je sois obligée de lui fabriquer sans cesse des motivations et des événements ? Que je lui ordonne un sens, afin qu’elle en ait un ? Pourquoi ne faut-il sans cesse faire ? Ne puis-je donc me contenter d’être ? Qui est ce à quoi je tends, au plus profonde de moi ? Suis-je le Juif errant, et faudra-t-il que j’aille au plus loin de la joie, de la souffrance et du partage, pour trouver en fin, en un éclatement ultime et douloureux l’être que je passe ma vie à fuir, de toute mon énergie. Ce soir je suis fatiguée, je deviens mauvaise joueuse. Alors le jeu s’évanouit, et il ne reste que des pourquoi et pas beaucoup de parce que ».
Avec ces quelques lignes empreintes de sincérité et de fragilité, je me réconciliais avec Anne-France qui n’était pas sans me rappeler Ella Maillart, cette grande exploratrice qui n’a eu de cesse, elle aussi, au travers de sa quête de grandiose de pourchasser finalement sa propre réalité.
Je refermais donc la dernière page en me disant que si Anne France avait suivi le vent, moi je n’avais rien suivi du tout. Je restais avec une idée brouillonne de sa personnalité, à l’image de l’illustration de la couverture de son livre. J’étais mi- déçue mi-énervée, comme si je lui en voulais de ne pas m’avoir donnée ma dose d’aventure et d’exploit.
Aussi, parce que j’ai trop de respect, d’admiration et d’envie pour tous les écrivains voyageurs ou voyageurs écrivains, et parce qu’il était donc impossible que je sois aussi lapidaire sur le genre, je suis allée écouter le mystère Anne-France Dautheville.
Le rendez-vous avait lieu samedi 28 novembre, chez MYMY Rider, super atelier de réparation/boutique d’accessoires dédié aux femmes adeptes de motos situé à Paris dans le 20ème arrondissement.
Dès ses premiers mots, j’ai saisi qu’Anne France écrivait tout simplement comme elle parlait. Avec beaucoup de dérision, de franc-parler, d’ironie, de fraicheur et de piquant.

Sa voix déborde de vie. Son intonation joyeuse retombe parfois d’un coup sec, rendant sa répartie encore plus tranchante, surtout quand on ne s’y attend pas, comme la belle chute à la fin d’une histoire. Car oui, Anne-France Dautheville fait rire et sait bien le faire. Elle se moque d’elle-même, rit de ses aventures, se joue de son image de belle brindille un peu guindée et avoue tout de go que de toute façon elle n’a vraiment compris le sens de son voyage que 50 ans plus tard.
« Au fond c’est idiot de faire le tour du monde. C’est idiot et, à la limite, c’est dangereux. Idiot, parce que j’ai vu trop de choses trop vite, que j’ai touché à tout, et que peut être je n’ai rien compris ».
Un détachement qui continuait de me surprendre et qui contrastait pourtant avec une sensibilité que je sentais sourdre en elle, quand elle commentait pour nous ses photos de voyages, celles de visages d’enfants…ou encore quand elle évoquait avec émotion la majesté des Bouddhas de Bâmiyân au Pakistan réduits en poussière en 2001 et qui l’avaient tant fascinée.

Alors qu’en conclure ?
Que je devrais probablement relire son livre.
Je l’apprécierais probablement beaucoup mieux, même si je garderai cette impression d’un livre écrit de façon instinctive, une « démonstration », un manifeste de son audace, de sa témérité et de sa réussite, une preuve pour le fameux huissier, une réponse à ses détracteurs comme pour dire : « Tenez les gars, voilà, je l’ai fait, c’est écrit là et « Je crois que maintenant j’ai surtout envie de me taire » comme elle l’avoue en première page.

Je crois que je garderais aussi ce double sentiment : celui d’avoir écouté et rencontré une très grande dame. Une sacrée nana, un vrai caractère, une femme à la fois téméraire et drôle. Et puis celui d’avoir lu le livre d’une jeune-femme qui se raconte mais qui ne se dévoile pas, qui se montre mais ne se livre pas.
Oui, si Anne-France était un vent, elle ne serait pas de ceux-là qui balayent les plaines, brûlent les yeux ou cinglent les visages pour vous laisser exténués. Non, elle serait une petite brise qui s’amuse à caresser les surfaces des fleuves, à décoiffer les coiffures de ses dames et à faire tourbillonner les feuilles d’automnes dans les airs nous faisant lever les yeux vers le ciel pour s’apercevoir que « tiens, aujourd’hui, le ciel est bien bleu ».
Alors chers ami(e)s je vous invite à découvrir son livre et à me dire ce que vous en avez pensé et surtout à aller la rencontrer lors de d’une de ses interventions. Quant à vous, chère Anne France Dautheville, je vous remercie chaleureusement de m’avoir déroutée. Tenez, je vous envoie même une petite bise…..une façon chaleureuse de vous souhaiter encore de suivre le vent, longtemps.
crédit photos Anne-France Dautheville.
+ infos : https://www.facebook.com/annefrancedautheville/
http://www.payot-rivages.fr/payot/livre/et-jai-suivi-le-vent-9782228918138
Cathare Trail, la foi du tout terrain.

Alors, Oyez, Oyez, bien vaigniez gentes damoiselles et damelots odir le petit fabliau de la Cathare Moto Trail.
Une rando tout terrain en pays Cathare ?
Avec mon vieux diplôme d’histoire médiévale qui ne m’a jamais vraiment servi, pouvais-je passer à côté de l’occasion unique d’aller rouler sur les chemins de l’Histoire de France, là où se déroula un des faits les plus marquants du moyen âge : l’hérésie Cathare ? Non ! Of course.
La conjonction « Moyen-âge + moto tout terrain » étant, avouez-le, assez unique.

Oui, ce week-end de fin septembre, si le vent chaud des forges de l’Histoire soufflait sur le pays Cathare, le vent chaud des moteurs dont celui de ma petite Honda 250 CRFL allait aussi souffler. Au programme, 3 jours de rando, 700 km environ de petits chemins dans les grands comtés de Carcassonne et dans ce décor de vestiges de forteresses, là même où se sont affrontés grands seigneurs et baronnies, là où s’allumèrent les bûchers des derniers Cathares. Tadaaaaaaaammmmmmm….!!! C’est parti pour la Cathare Moto Trail.
Mais, avant de commencer, je suis un peu obligée de vous plonger dans une petite faille spatio-temporelle introductive car le pays Cathare, et vous le savez probablement, ce n’est pas du tout que des châteaux, c’est avant tout une foi. Et oui, il y a un peu plus de huit siècles, des femmes et des hommes décidèrent de s’épanouir dans une foi différente. Une croyance basée sur la bible, sur l’opposition entre le bien et le mal, sur la non-violence et la pauvreté. Hélas, la croisade contre les Albigeois (nom donné aux Cathares) sonna leur glas et mis le sud de la France à feu et à sang. Ce fut plutôt moche. En 1244, le dernier bastion cathare, tomba aux mains des croisés avec quelques 200 « Parfaits » brûlés sur le bûcher. ok?
Alors, la Cathare Rando Trail avait-t-elle su engendrer un nouveau genre : le Cathare Motard ?
La réponse plus bas en s’appuyant sur les 4 préceptes « hérétiques » cathares, certes un peu revus et fabulés par mes soins et ponctués par quelques délicieux mots moyenâgeux pour briller dans vos dîners.

Précepte 1 : La Terre, c’est Lucifer.
Pour notre bon Cathare du XIème, les choses étaient ultra simples : Dieu est bon et le monde terrestre est l’œuvre du Diable. J’avoue qu’en choisissant le parcours extrême de la Cathare Moto Trail, je me suis vite demandée si le tracé n’était pas le fait de quelques diablotins de l’organisation Cocoricorando, à savoir de ceux qui auraient volontairement balancer des tonnes de cailloux sur les pistes. Des cailloux et encore des cailloux et toujours des cailloux ! Et vas-y que ça roule sous les pneus, que ça guigedouille (danse) sur la moto ! Un seul remède pour s’en sortir : ajuster parfaitement son filet de gaz et surtout charger ses cales-chausses !
Après de bonnes premières suées et quelques trouilles, les pistes s’enchaînèrent en direction des Montagnes noires, dernier contrefort du Massif Central. Magiques montagnes noires, là les forêts vous balancent au nez des senteurs de pins, d’hêtres, de bois fraichement coupé… Que ça fleure bon !
Un pur bonheur dans les narines,
de la terre dans les tétines,
et toujours la piste dans la rétine
pour éviter les ornières.
Oui, ils seront tout de même plusieurs à s’y faire bataculer (basculer)…









Voici ensuite les crêtes acérées du Minervois, les plaines aux oliviers et puis enfin les pistes bien rocailleuses de l’Alaric qui me régaleront pendant toute une journée. Les tracés du 3ème jour au cœur des majestueuses Corbières resteront mes préférés. Que de paysages changeants et de chemins incroyables : ici au milieu des buis et de la bruyère, là avec des pistes courant sur les crêtes, et puis là encore la traversée des célèbres vignobles des Corbières qui seront un régal visuel (à défaut d’être œnologique).
Enfin, le panorama grandiose sur les ultimes refuges Cathares, ces deux citadelles qui se confondent avec le ciel que sont Quéribus et Peyrepertuse. Stupéfiant. Pas étonnant que l’occitan dispose de tant de mots pour décrire cette géographie, pechs (pics), serras (montagnes), sarrats (sommets isolés), ventas farinas (terres ventées), pica-talen (terres ingrates) !
En conculusion, si pour nos vieux Cathares la Terre est l’enfer, alors pour un Cathare motard, elle est un vrai paradis.
Et moi, je veux bien me changer sur le champ en petit démon pour retourner rouler en « Occitanie ».
Précepte 2 : Vœu de pauvreté tu feras
Sans évoquer les quelques centaines d’écus dont il faut se délester si vous vous inscrivez à la Cathare, il faut admettre que la deuxième journée a viré à une sorte de travail mental de renoncement et d’ascèse psychologique vu la flotte qu’on s’est pris sur la tronche à s’en mouiller les os. A l’arrivée au camping, ce fut un étalage de défroques (vêtements) toutes dégoulinantes, de braies crottées (pantalons) là où il était encore possible de les y faire vaguement sécher. Quant aux tentes, et bien une chose était certaine ça allait bien puire la d’dans !



Fort heureusement avant de rejoindre nos couches (lit) humides, l’organisation Cocoricorando avait prévu de quoi nourrir sa horde de chevaliers casqués. Pour ça, sur l’ensemble du week-end, nous fûmes très loin du vœu de pauvreté, du carême et autre régime vegan de nos amis les anciens cathares. Là, ce fut plutôt ripailles et tripailles à gogo avec forcément THE Cassoulet.
Précepte 3 : la non-violence tu prôneras
Si notre ami Cathare n’aurait pas fait de mal à une mouche, le Cathare Motard lui les accueille franchement sur la bulle de sa bécane mais n’en reste pas moins ultra pacifique. La Cathare Moto Trail a en effet démontré que, dans un monde parfait, il était possible de partager les chemins entre randonneurs, chasseurs et motards.
En effet, cette nouvelle édition coïncidait peu ou prou avec l’ouverture de la chasse, notamment celle au sanglier. Du coup, ce ne fut pas un chasseur mais des dizaines et des dizaines de chasseurs tous revêtus de leurs beaux blousons fluos que nous croisâmes tout pétaradant de joie.
(Les chasseurs seraient 12 000 dans l’Aude pour 20 000 sangliers !). Pour ma part, même si je n’ai pas d’avis tranché sur la chasse, je dois avouer que j’ai plutôt savouré l’idée que nos petits coups de gaz intempestifs aient donné un peu de répit à nos amis les suidés.
Mais mortecouille (fichtre), pour rien au monde, je ne voudrais me faire charger par l’un de ces bestiaux !


Précepte 4 : ta foi (en le tout terrain) tu bâtiras
Sérieusement, aller construire de telles forteresses sur des pics si hauts ? Combien furent-ils à s’éreinter le corps et à en crever pour construire de telles citadelles ? Les châteaux du pays Cathare m’ont rappelé à quel point les hommes et les lieux furent et sont étroitement liés. J’ai toujours eu une profonde admiration pour ces femmes et ces hommes qui ont bouleversé les lois architecturales pour bâtir toujours (au) plus haut, comme pour toucher le ciel.
Alors, pour nous, simples troubadours motorisés des temps modernes, qu’en retenir ? Peut-être simplement que si la foi a pu (presque) surélever des montagnes, la foi/passion de la moto peut nous amener à les dépasser et surtout nous dépasser nous-mêmes.
Oui, sincèrement, cette Cathare Trail a confirmé une chose : que le tout terrain est une pratique de la moto qui mène au plus proche de la nature, de la terre, et surtout avec beaucoup de respect, de celles et ceux qui l’ont façonnée depuis des siècles…


Merci également à Pascal que je ne connaissais pas mais qui, faisant exactement le même programme que moi : Horizons Unlimited dans le Lot + Cathare Moto Trail dans l’Aude, a convoyé en remorque ma moto. On a bien rigolé !!! Merci encore.
https://www.youtube.com/watch?v=NXFasmutK4E
Post Scriptum :
Aux personnes qui seraient motard(e)+ historien(e) + médiéviste qui me liront :
1) Faîtes-vous connaître et montons un club
2) D’avance, pardonnez les quelques entorses historiques de ma part. Une hérésie, certes…mais on s’en fout car justement c’était le sujet.
Plus d’infos :
Cocoricorando
Egalement, à découvrir le blog d’Alexis, mister Braap
Crédit photo :
Cocoricorando & co !
extraBOLd’ORdinaire

A priori, en partant ce week-end au Bol d’or, je m’éloignais bien loin de mes envies d’ornières, ma frénésie de sable et autres désirs de caillasse.
Oui, en descendant 3 jours sur le circuit du Castelet, j’avais rendez-vous avec les lovers de la vitesse, les arracheurs de l’asphalte, les fanatiques du bitume, les amoureux de la piste …que même tu pourrais y repasser tes fringues tellement elle est lisse.
Alors, vous me direz : « Mais qu’est-ce que t’as été faire au Bol d’Or Sophie ? ».
En réalité, j’y suis allée pour bosser ! Ma mission ?
Soutenir le dispositif de l’Association Prévention Routière, association que j’ai eu le plaisir d’accompagner en conception-rédaction (my job) en créant leur dernière campagne #vivezmotard.
Le principe de la campagne était le suivant : Faire de la passion moto le point d’entrée pour parler prévention en jouant sur l’analogie de la passion amoureuse au quotidien et celle de la moto.
Vous me direz y a pire comme job. Je confirme. Surtout que la campagne a été très appréciée par les motard(e)s présents et que perso, j’ai adoré toutes ces discussions mêlant passion et prévention. C’était vraiment cool.
Et puis j’ai pris une méga claque….!!!!
Je ne sais pas si c’est car je n’y connais rien au monde du circuit, aux pilotes et que c’était mon premier Bol d’Or (surement les 3) mais je suis restée complètement bluffée, estomaquée et sans voix devant cette course absolument hallucinante !
Sincèrement, rouler à 300 km/h sur une piste et surtout le faire pendant 24 heures me paraissait complètement dénué d’intérêt et de sens.
Ouais, j’avoue, c’est méchant mais je m’attendais un peu à voir des fous furieux, des toqués de la vitesse, voire même des mecs qu’avaient laissé leurs cerveaux sur le bord de la route et bien non. J’ai découvert de vrais athlètes prêts à en découdre avec le tour de l’horloge et ce avec une sacrée dose de concentration, de ténacité, d’endurance, de courage.
Comme à l’Enduropale du Touquet, j’ai retrouvé cette ambiance survoltée quand sonne le départ et surtout cette ferveur populaire incroyable !
Franchement, je pense qu’il y a quelque chose de l’ordre des Jeux Antiques dans toutes ces courses d’endurance. Un peu, comme si les pilotes, gladiateurs cuirassés des temps modernes, avaient décidé de se livrer, de s’offrir et d’offrir en pâture leurs destins à toute berzingue sous les yeux d’un peuple dont il faudrait combler le désir d’effroi et d’adrénaline.
Oui. Ouvrons les gaz. 3, 2, 1 go !! et Alea jacta est !
Oui, c’est ouf Sophie.
Et pourtant rien ne semble laissé au hasard. Un petit tour dans le paddock de l’équipage MGT 94 Yamaha (merci à Patrick Jacquot de La Mutuelle des Motards pour la visite) suffit à comprendre que c’est toute une équipe qui se donne à donf pour ces 3 pilotes ! Pas le droit à l’erreur, encore moins à la panne ou pire à la chute…A chaque instant ils se battent tous contre le chrono. Stupéfiant.


Et les filles ne sont pas en reste !! Pas moins de 5 filles sur la grille de départ dont Lucy Glöckner, la pilote allemande, qui s’imposera en tête du classement mais aussi Margaux Wanham à la 51e place puis le Girls Racing Team 54e.
Bravo les nanas !
Des filles en Or ? J’en ai rencontrées deux en la personne de Lili (Aurélie Hoffman) et Marthe Clavel qui se sont lancées avec détermination dans le Bol d’Argent. Une malheureuse chute (causée par un pilote bouuuu) forcera Lili à abandonner mais Marthe continuera, sans rien lâcher, jusqu’à apercevoir le drapeau à damier noir et blanc. (Bon courage Lili pour ta blessure, remets toi bien ma belle).


Alors oui moi aussi j’ai acheté un tee-shirt Honda Race avec écrit CBR (ok, c’est pas CRF..mais fallait bien choisir ses couleurs et j’allais tout de même pas faire une infidélité à ma marque.)
Et oui, moi aussi, je me suis habituée à ce son lancinant et assourdissant de la course, même que quand ça s’arrête, tu te demandes ce qu’il se passe.
Bref, pour résumer, je vais vous sortir une belle lapalissade mais la communauté motarde est définitivement aussi vaste que passionnante. En quelques années, j’aurais découvert les bikers tout patchés partout Harley, les motards sortis d’un mag de mode même que leurs barbes brillent autant que leurs chromes, les voyageurs baroudeurs qui ne rêvent que d’horizons illimités, les traileux renifleurs de pistes en tout genre et surtout en tout terrain …et maintenant les pistards. Et bien, d’aucuns je ne me permettrais de juger car je m’aperçois à quel point l’ADN reste le même pour toutes et tous : la passion.
Plus que jamais, en regardant ce 81ème Bol d’Or avec mes yeux de motarde débutante, j’ai pensé à cette phrase de Paul Ardenne : « piloter une moto, c’est célébrer la vie à chaque instant et tout autant à chaque instant pouvoir chuter, cette même vie volontairement mise en péril. » T’as pas tort mon Paulo, alors les ami(es), roulez comme vous aimez, passionnément et surtout vivez, motard !!
Vous pouvez suivre les aventures de Lili sur son blog Lil’Viber.
Plus d’infos également sur le site Mag’Motardes de Lydia Truglio Beaumont, super pilote pluridisciplinaire.
Fenouil, chroniques sahariennes (livre)

Dans son livre, publié en 1974, « une moto dans l’enfer jaune », Fenouil évoque les « Chroniques Martiennes » de Ray Bradbury, comparant le Désert qu’il aime tant, à une étrange planète échappée de quelques lointaines galaxie avec « d’énormes rochers, mystérieux météores comme abandonnés par de formidables mutants après un combat sans merci... »
Oui, pour Fenouil, dans le Tademaït (Sahara Algérien), la terre n’est pas ronde, elle est infinie et Pythagore se serait emmêlé dans ses parallèles car dans l’enfer jaune, elles ne rejoignent pas.
Cet infini désertique, Fenouil en est amoureux et ça, ce n’est pas de la science-fiction.
Deux trans-sahariennes et des kawa…
De façon frénétique, il va se lancer dans deux transsahariennes en 1973 avec, à chaque fois, une Kawasaki.
– La première : Alger-Tamanrasset pendant les plus fortes chaleurs avec une Kawasaki 900 Z.
– La deuxième : un raid Paris-Dakar via Adrar (Algérie), Gao (Mali) et Bamako en traversant le Tanezrouft avec une Kawasaki 350.
Alors, tout de go, je vous l’dis, pour ma pomme qui n’était même pas imaginée dans la tête de mes parents en 1974, j’ai découvert une autre époque, voire une nouvelle ère ! Laquelle ? Celle des carénages Hugon, des portes bagages increvables Bottelin Dumoulin, des sacs de réservoir en skaï (!!)…et surtout, celle où l’on avait l’audace de se lancer dans la traverser du Sahara avec une Kawasaki absolument pas préparée pour cela !
Ceci est un carénage Hugon.
Ceci est un porte bagage Bottelin Dumoulin.
Et tout cela, c’est un peu de l’histoire ancienne.
Daniel Hugon se tuera lors du Abidjan-Nice en 1976 et les établissements Bottelin-Dumoulin, fermeront définitivement en 2006. RIP

juin 1973
Juin 1973, avec son pote Hubert Rigal (qui lui fait l’assistance avec une Volvo 544 Sport) et Maria Pietri (une amie photographe), ils se jettent ainsi dans l’océan de sable. Plouf.
Le récit de Fenouil est émerveillé, fascinant, passionné, passionnant.
Perso, j’ai eu la gorge nouée à le suivre dans cet enfer jaune, roulant souvent à plus de 100km/h, attaquant les « boulevards de sable fin, de cailloux » puis les dunes.
« Merde, impossible de l’éviter, la moto décolle lourdement, retombe, plonge, saucissonne. A grand coup de barre, je tente de sauver le navire et son capitaine : droite, gauche, tout à droite, encore à droite, déplacer le corps…je vais tomber, je le sais. »
Le désert comme la grande bleue… »une immensité aussi mouvante » avec ses pièges et notamment la tôle ondulée qui casse les mécaniques les plus solides et dont il parle si bien. Merci ! ! Maintenant je sais ce que c’est !
Insatiable Fenouil ! L’appel du désert, qui lui tenaille le ventre et qu’il compare au « vertige des profondeur » le reprendra à peine quelques mois après son premier exploit.
» …ne plus viser seulement le coeur du Sahara mais le traverser de part en part pour en ressortir du côté de Dakar, voilà qui pourrait être un bien beau raid pour une moto et son heureux pilote ».
novembre 73
Novembre 1973, le voilà, donc tout heureux, prêt à affronter le désert absolu : le Tanezrouft, “l’empereur des sables comme le Pacifique est empereur des océans »; 1600 km sans pompe à essence.
Cette fois-ci, il partira au guidon d’une Kawa 350, la big horn, le grand mouflon, la grosse bête des montagnes, celle qui « sent bon le sable chaud ».

Oui, entre elle et lui, ce sera une vraie histoire d’amour …et puis d’eau fraiche.
De l’eau fraîche, prévoyez-en une bonne quantité en lisant son livre.
Moi, je suis restée plus d’une fois la gorge séchée à l’imaginer se battre contre la chaleur écrasante, le Siroco qui brûle, le sable qui s’immisce partout, les épines qui « échardent »…et frôlant parfois le pire : se perdre et que Jean-Claude Guénard et Maria (toujours) en Land Rover ne passent à quelques kilomètres de lui sans le voir.
Avec sa « mobylette land-rover », Fenouil réussira son incroyable défi, un exploit qui ouvrira les portes du Paris-Dakar.

Oui, il m’a fallu quelques temps pour me désensabler de cette lecture. Le livre de Fenouil m’a filé un coup de bambou, laissé des étoiles plein les yeux, limite du sable plein les poches et surtout procuré cette impression d’avoir voyagé dans une nouvelle galaxie.
Car une chose est certaine. Si le Désert est une autre planète alors Fenouil en est son plus grand ambassadeur (extra-terrestre….)!
Ps : je n’ai toujours pas compris pourquoi Fenouil se faisait appeler Fenouil…
Les poireaux au Touquet je comprends, ils se plantent dans le sable.
Mais le Fenouil ? 🙂 Si vous avez la réponse, merci d’éclairer ma lanterne de néophyte.
On m’apprendra peu après que Fenouil est également l’auteur, entre autre, de « La nouvelle de ma mort a été très exagérée« , (ben j’espère bien tintin !!) ; une course moto qui part de Côte d’Ivoire et bascule dans un Desertworld futuro-régressif où la gracieuse Captain Tamacheq séduit le Général Motors, surfeur de vagues géantes…comme quoi, l’extra-terrestre n’est pas loin.
Quelques liens bien sympathiques où j’ai pu trouver quelques photos.
http://tpouge.free.fr/SablesChauds/Fenouil.html#Son_Parcours.
Martine fait le Paris-Dakar (livre)

Moi quand j’étais petite je lisais Martine au camping, Martine petite maman, Martine ballerine, et même Martine fée du logis…
Et pourtant, alors que j’avais 4 ans, la vraie Martine, the real one, the best Martine, s’élançait dans le premier Paris-Dakar !
C’était en 1979. Elle s’appelle Martine de Cortanze.
Presque 40 ans après son exploit, je découvre cette femme extraordinaire et son incroyable aventure. Son livre, « une fille dans le désert », je l’ai dévoré en quelques heures. J’ai adoré.
Martine, j’ai aimé ta spontanéité et ta passion soudaine, sincère pour le tout terrain alors que tu n’es que spectatrice lors d’une course d’enduro et que tu vois un crossman s’arrêter pour pointer devant toi lors d’une course.
« il arrive avec un grand coup de dérapage….il piaffe d’impatience, son regard le dit. Il a gardé dans les yeux l’expression tendue de l’effort ..Ce visage marqué par la fatigue mais où la volonté et la détermination se lisent si bien, me donne subitement envie d’aller voir à mon tour si je n’ai pas quelques limites à aller chercher par là. »
Et comment tu l’as fait !
De Paris à Dakar, tu racontes avec humour et moult détails techniques, comment tu vis (survis?) à chaque étape. Des ornières, au fech-fech, aux passages de gués, notre Martine passe TOUT.
Avec tellement de courage, de lucidité, de culot, de tactique, Martine, tu fais ta course. Et tu cours en tête Martine !
Bien sûr, parfois tu t’envoles dans les arbustes, enterres ta moto, atterries limite sur un chameau, aides tes copains de course mais surtout tu te relèves à chaque fois….même au dessus de 30 mètres de vide !
Dans sa combinaison de cuir qui te brûle, te teint les jambes, tu braves le vent des sables et ces maux de reins qui te malmènent. Diable…quelle athlète !
Alors pour passer le temps, pour surpasser les éléments, tu t’inventes des histoires. Au guidon de ton monocylindre, en plein désert, tu ‘imagines à Tahiti ou bien en Normandie. Tu transposes l’enfer des kilomètres à des trajets que tu connais par cœur…ou dont tu rêves. « Il faut bien certain temps à l’esprit pour attraper un rythme de pensée tel que l’idée fixe, en l’occurrence, les kilomètres passés, présents et à venir ne reviennent pas trop souvent. J’ai beau essayé de ne pas regarder les panneaux, rien à faire… »
Et puis Martine, tu as ta petite botte secrète, un petit vanity case, que tu retrouves parfois lors d’une étape, même si lui aussi subit la dureté du voyage.
Te voilà toute crasseuse après chaque étape à essayer de rester féminine. Une jupe par ci, un coup de rimmel par là..Martine, tu restes, tant que tu le peux, une femme jusqu’au bout des cale-pieds.
Douée, intelligente, jolie…Tu t’ en fiches des machos qui veulent absolument te doubler et qui trouvent des excuses quand ils n’y arrivent pas.
« Je n’ai aucune envie d’attaquer les hommes et encore moins de les battre car je serais trop triste de ne pouvoir les admirer dans l’effort, j’aimerais juste bien me mesurer à moi-même et voir si je réussirai à aller jusqu’au bout de mes ambitions ».
Et quelle ambition !
Martine Cortanze, numéro 41, tu arriveras à Dakar.
– 19 ème au classement général.
– 11 ème au classement moto.
– 1ère au classement féminin.
« Je me revois à la maison, à genoux sur le tapis du salon en train de tracer l’itinéraire du rallye sur la carte étalée devant moi. Minuscule microbe à l’échelle du trait de crayon feutre, je parcours en ce moment cette longue ligne noire que j’ai dessiné et qui maintenant est jalonnée de souvenirs ».
Punaise, Martine, que j’aimerais avoir tes souvenirs ma belle !
Je suis complètement admirative, une femme qui combine avec intelligence et humour ta passion de la moto. Et quel courage, quelle endurance, quelle vivacité, quelle vie ! BRAVO.
Merci 1000 fois pour avoir partagé ton aventure !
Une fille dans le désert : le rallye Paris-Dakar.
Martine De Cortanze
Edité par Solar (1979)
A trouver d’occasion !
♥♥♥
Le bourbier du Vexin

Grosse sortie TT dans le Vexin (Ile-de-France) ce 9 juillet 2017.
Il avait prévenu le bougre d’Adrien. C’était pas une sortie pour les débutants.
okay, mec !
Mais, suis-je débutante ? Comment le savoir ? Ben y aller…!
Fallait bien que je fête mes 5 mois d’acquisition de ma super Honda 250 et mes 5 mois de TT.




ça a commencé diablement fort ! C’est quoi ces fucking mares (étangs ? mer ?) de boue partout ? Sérieux, y a pas eu la canicule dans le Vexin? Visiblement non. Les bourbiers sont bien là…Et parfois ben, t’as pas le choix, faut y aller, DEDANS. J’ai donc pris mon premier bain. Joli. Les 30 premiers kilomètres furent particulièrement hard. Une fois de plus, je me suis dit que je m’étais mise dans un beau merdier. Et puis, en fait, après, ça a été. Des ornières piégeuses dans les herbes hautes, de la piste, des pierriers, des montées bien caillouteuses, des passages en sous-bois à finir aussi feuillu que les arbres, le tout en transpirant à grosse goute mais en kiffant grave à fond les gazzzz !!




Conclusion
1) ne pas de suite déménager dans le Lot, l’Auvergne ou les Pyrénées. Non, en Ile de France tu peux t’éclater en TT !
2) penser peut être néanmoins à déménager pour installer une pièce « lavoir » . Car là, heu, c’est une tranchée mon appart ! Et je lave où mon barda, now !!!!
3) Investir dans un camel bag, des sacoches étanches Enduristan, un pare pierre, un gps, un compte chez Elephant Bleu….et beaucoup de W40 !
4) Et puis, bien sûr, y retourner dès que possible pour toujours apprendre et progresser !
Pour connaître ma petite mésaventure suite à ma sortie…c’est ici !!!
Japan ride, 1 fille, 1 moto au japon

Le voyage de Sophihiro…
Le voyage de Chihiro est le plus grand succès de l’histoire du cinéma japonais avec 23 millions de spectateurs au Japon. Le dessin animé de Miazaki raconte l’histoire d’une petite fille qui alors qu’elle se rend avec sa famille dans sa nouvelle maison, entre dans le monde des esprits.
Les esprits dont parlent Miazaki sont les « kamis » de la religion Shinto.
Forces ni bonnes ni mauvaises, les kamis sont invisibles dans le monde des vivants et pourtant ils habitent chaque élément du monde…
Au Japon, il existe ainsi des centaines de kamis : celui des vents (le kami kaze), celui des montagnes, des rizières, de la pluie, du soleil, des forêts, des mers, des feuilles, des cailloux….Aujourd’hui, si je peux dire que je les ai tous croisés, je suis persuadée d’avoir rencontré le Kami de la route. Oui, de Shikoku au Mont Fuji, de la mer du Japon au Pacifique, l’esprit de la route m’a accompagnée pour parcourir ces petits 2000kms toute seule au guidon de ma belle moto orange.
Yamamoto et y’a surtout des virolos….
Le Japon souffre d’une image hyper « mégapolisée ». Tokyo, Nintendo, Sony, les lolitas édulcorées, les salary men dépressifs…bref Lost in translation.
La réalité est pourtant à 1000 tatamis de cela. Le Japon est recouvert à plus de 70% de montagnes et de forêts denses. Seul un peu plus du cinquième du territoire est habitable expliquant ainsi la très forte concentration de la population près des littoraux. Les montagnes qui s’étendent du Nord au Sud sur près de 2000 km forment un terrain de jeu magnifique et grandiose pour les amateurs de sensations, de paysages magnifiques et de virolos à gogo.

Le Japon est un pays absolument fascinant, un pays fort et fragile, capable de se pâmer devant l’évanescence d’une fleur de cerisier comme de résister aux pires catastrophes. C’est aussi le pays des paradoxes et des étrangetés en tout genre. On peut fumer dans les bars et restaurants mais pas dans la rue.
Et si c’est le pays de la moto, c’est aussi une vraie tanné pour en louer une. Les Japonais ne parlant pas l’anglais, il est quasiment impossible de se procurer une moto car il est tout simplement impossible de comprendre les informations fournies. Heureusement, j’ai réussi après de longues recherches à trouver mon bonheur auprès d’un garage indépendant tenu par un Australien à côté du Mont Fuji.
Là, une magnifique moto m’y attendait : une Kawasaki W650 orange pétante. Une moto, bien différente de ma Harley certes, mais idéale pour mon gabarit, ultra maniable, robuste, assez puissante et pas trop lourde. Dès la mise en route du moteur et les premiers kilomètres, j’ai adoré cette bécane et je l’ai rebaptisée « Orange Mécanique ».



Conduire au Japon ?
Les Japonais roulent à gauche. Cela peut paraître déroutant au début, mais finalement ce n’est pas bien compliqué si on est concentré. Et il faut l’être car si nos amis nippons roulent majoritairement très très lentement, le gros bémol reste leur tendance à mettre leurs clignotants uniquement au moment où ils tournent. C’est inopiné, c’est surprenant et c’est très dangereux. Rajoutez à cela que la moyenne d’âge des conducteurs dans les campagnes doit approcher les 100 ans et vous comprendrez qu’il faut se méfier.



Quant aux panneaux, ils sont majoritairement en japonais et en écriture latine ce qui permet de reconnaître le nom des villes. En revanche une fois sur les petites routes, vous ne pouvez vous fier qu’à votre fond de carte gps qui ne traduit pas forcément les noms des villages….Il est donc absolument nécessaire de partir avec des cartes routières, qui sont uniquement en japonais !
Donc forcément, on se perd. Pour ma part, je me suis perdue des dizaines et des dizaines de fois. Comme dit Christophe Colomb, « on ne va jamais aussi loin que quand on ne sait pas où l’on va ». Alors, j’ai décoché toutes les options de mon gps : autoroutes, grands axes, routes payantes et j’ai pris la route, la mienne.
Into the wild à Shikoku…
Ma route m’a amenée à Shikoku, l’une des quatre grandes îles du Japon, connue des Japonais pour son pèlerinage des 88 temples et inconnue de la plupart des touristes.
Il faut dire que cette île volcanique a une topographie inhospitalière car composée uniquement de montagnes recouvertes de forêts impénétrables. La densité des arbres (bambous géants, pins centenaires) est à la fois ensorcelante et angoissante. L’île recèle ainsi l’une des régions les plus cachées du Japon autour de la Vallée d’Iya.
Rouler au cœur des gorges d’Oboke Koboke est tout simplement magique. Les petites routes serpentent le long des rivières et torrents à la couleur émeraude. La beauté des montagnes combinées aux gorges profondes est stupéfiante.







En effet, si l’asphalte est majoritairement bon, il faut néanmoins se méfier des routes de montagne qui peuvent sembler être des nationales mais qui deviennent soudainement des chemins forestiers sur plusieurs kilomètres. Branchages, pierres, feuillages et mousse rendent le sol parfois très glissant et franchement casse-gueule.

Les ours de Shikoku

Une mauvaise trajectoire dans un tournant et je me suis étalée de tout mon long au milieu d’un de ces petits chemins. Une fois dégagée de la moto, j’ai vite pris conscience que j’étais vraiment au milieu de nulle part. Depuis plus d’une heure que je roulais dans cette forêt, je n’avais croisé aucune âme. Les premières tentatives pour relever ma moto furent un échec. Que faire ? Attendre ? Partir à pied ? J’avais ma tente, 2 barres de céréales, un sifflet et mon opinel…Into the wild or not ?
Et soudain, je me suis rappelée le panneau croisé quelques kilomètres avant ma chute et qui représentait un ours. Je crois que c’est l’idée de croiser « Bouba le petit ourson » qui m’a donné la force ultime de relever ma bécane…
J’ai parcouru Shikoku du Nord au Sud, d’Est en Ouest. Je me reposais de mes journées de roulage un peu trop rudes en retrouvant le plaisir de longer tout simplement le Pacifique et en goûtant au plaisir des Onsen, des bains d’eau de source volcaniques naturelles. Il y en a partout au Japon et les Japonais en raffolent. Après huit heures de route par jour en moyenne, il n’y a rien de plus agréable que de se plonger dans ces eaux qui avoisinent les 40 degrés, nu comme un verre au milieu de la nature. Une fois que vous avez saisi tous les rudiments de cet art (on se lave avant d’entrer dans les bains!), les Onsen deviennent vos meilleurs amis. Un délice revigorant quotidien pour reprendre de plus belle la route vers les Alpes japonaises.
Mont Fuji, mon amour…
Avec encore à l’esprit les sommets de l’Himalaya (mon précédent road trip), je me demandais bien ce qu’on pouvait trouver à cette montagne d’à peine 3376 mètres d’altitude et qui s’amuse à vous faire un strip tease permanent. Souvent couvert, très rarement découvert, le Mont Fuji joue en effet à cache-cache et des Japonais vous diront ne jamais l’avoir totalement aperçu.
J’ai décidé de camper dans un petit bois à face à lui pour avoir toutes les chances de l’entrevoir au petit matin. J’ai passé une nuit en mode Projet Blair Witch. Je ne sais ce qui a été le pire entre l’orage au-dessus de ma tête, les pluies torrentielles ou les bêtes qui rôdaient. Armée de mon sifflet et de mon opinel, je n’ai tout simplement pas fermé l’œil de la nuit.
Les joies du camping



Mais quel bonheur quand au petit matin j’ai ouvert les yeux. La tempête de la nuit avait balayé le moindre nuage à l’horizon et le Mont Fuji resplendissait de toute sa beauté. Serait-ce la perfection de ses courbes, ses proportions parfaites, ses neiges éternelles qui fascinent autant ? Je n’avais pas assez de mes yeux pour embrasser une telle beauté et je comprends que Hiroshige ait pu produire tant de vues du Mont Fuji. Rien que pour le plaisir de rouler au côté du Mont Fuji, mon voyage se justifiait. Ce fut l’une des plus belles récompenses au bout de ma route.

Définitivement, le Japon est un pays à visiter à moto. Certes, perdue dans mes montagnes, j’ai eu quelques appréhensions, mais quel bonheur de rouler seule !
De tracer ma route, de m’arrêter là où bon me semblait, de m’en prendre qu’à moi-même quand j’étais définitivement paumée.
Au final, je n’ai pris qu’un seul risque : celui de devenir accro à ce plaisir insatiable de rouler, de vivre et revivre encore cette sensation d’arracher ma liberté aux éléments, de respirer la nature par tous les pores, de ne faire qu’un avec le vent et de rencontrer l’Esprit de la route. Désormais, ce kami ne me quittera plus.